Face à l’accélération du changement climatique et la raréfaction des ressources, la transition énergétique est devenue une priorité. Cette démarche repose, bien sûr, sur l’accélération du développement des énergies renouvelables et sur l’efficacité énergétique, mais aussi sur la sobriété énergétique. Ce dernier levier repose sur le changement de comportement, dans l’objectif de consommer moins. Tous les acteurs économiques sont concernés, à commencer par les entreprises, et leurs collaborateurs.
Qu’est-ce que la sobriété énergétique ?
Par définition, la sobriété énergétique consiste à réduire la consommation d’énergie, de façon volontaire et organisée. Cela implique de modifier les usages, à l’échelle individuelle et collective, en faveur d’une consommation plus raisonnée, mutualisée et sans excès. Cette démarche peut induire des changements profonds dans les modes de production et de distribution des entreprises.
Pour autant, rappelons que la sobriété énergétique ne doit pas être synonyme d’arrêt ou de réduction de la production. L’idée est plutôt de faire la chasse au gaspillage énergétique en matière de gestion des bâtiments et d’organisation du travail, sans impacter l’activité et les conditions de travail des collaborateurs.
On distingue plusieurs leviers de sobriété énergétique :
· La sobriété structurelle en créant les conditions pour modérer sa consommation d’énergie ;
· La sobriété dimensionnelle en choisissant les équipements adaptés à son usage ;
· La sobriété d’usage à travers une bonne utilisation des appareils ;
· La sobriété conviviale (ou coopérative) en mutualisant l’utilisation des équipements.
10 façons d’enclencher la sobriété énergétique
Avant de se lancer dans un ambitieux plan énergétique, chaque entreprise peut amorcer des actions simples, rapides et efficaces, qui ont des effets immédiats pour participer à l’effort collectif.
Pour autant, rappelons que la sobriété énergétique ne doit pas être synonyme d’arrêt ou de réduction de la production. L’idée est plutôt de faire la chasse au gaspillage énergétique en matière de gestion des bâtiments et d’organisation du travail, sans impacter l’activité et les conditions de travail des collaborateurs.
L’éclairage
L’éclairage représente 15 % de la consommation mondiale d’électricité et 5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre[1]. Dans ce domaine, la mise en œuvre des deux mesures suivantes s’avère particulièrement efficace en matière de sobriété énergétique :
1. Éteindre l’éclairage à l’intérieur et à l’extérieur des bâtiments lorsqu’ils sont fermés, ou baisser l’intensité lumineuse sur des créneaux horaires précis.
2. Choisir les bons équipements : les lumières LED, les éclairages basse consommation ou encore les détecteurs de présence contribuent à améliorer l’efficacité énergétique. Il convient également de tenir compte de l’étiquette énergie, qui note chaque appareil selon sa performance énergétique. Cette notation concerne de nombreux équipements (ampoules et spots, mais aussi climatiseurs, chaudières, écrans…).
Les appareils numériques
Alors que la consommation d’énergie du numérique croît d’environ 9 % par an[2], il devient urgent d’adopter la sobriété numérique à travers trois principales actions :
3. Éteindre tous les équipements (imprimantes, photocopieurs, distributeurs automatiques, systèmes de ventilation, etc.) lorsque le site est fermé.
4. Éviter le surdimensionnement des équipements pour les collaborateurs (nombre et taille des écrans, puissance du matériel…).
5. Limiter les systèmes audiovisuels qui ne sont pas essentiels, tels que les écrans dans les halls d’accueil ou les espaces de convivialité, par exemple.
Le chauffage et la climatisation
Le chauffage et la climatisation pèsent pour près de 40 % de l’énergie consommée par les logements et les bâtiments dans le monde[3]. Il est donc capital que les entreprises s’attachent à :
6. Adapter la température dans les services en fonction des saisons : en hiver, il est généralement recommandé de ne pas chauffer au-delà de 19 °C pour les pièces occupées (ce seuil diminue pour les espaces inoccupés pendant plusieurs jours) ; en été, il est possible de respecter un certain écart avec la température extérieure.
7. Limiter la déperdition ou l’apport de chaleur (selon la saison) en s’assurant que les portes et les fenêtres sont bien fermées.
8. Mettre à disposition des collaborateurs des équipements de protection individuelle adaptés aux très basses comme aux très hautes températures.
La mobilisation des collaborateurs
S’engager en faveur de la sobriété énergétique implique de mener une véritable conduite du changement en intégrant ses collaborateurs dans le projet. C’est pourquoi il est indispensable de :
9. Partager les bonnes pratiques éco-responsables à appliquer au quotidien : éteindre ses équipements lorsqu’ils ne sont pas utilisés, paramétrer la fonction veille de son ordinateur, privilégier la mobilité douce pour aller au travail (transport en commun, navette, covoiturage…), etc. ;
10. Mettre en place, voire intensifier le télétravail quand cela est possible : l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) recommande ainsi d’instaurer le télétravail jusqu’à trois jours par semaine.
Vers la sobriété énergétique à grande échelle
Pour agir à la hauteur de l’enjeu écologique, les entreprises devront ensuite mettre en place
plan de sobriété énergétique sur le long terme, qui s’intègre pleinement dans leur démarche globale de transition énergétique.
Pour construire leur feuille de route, il faut, avant toute chose, que les organisations effectuent un audit de la consommation énergétique et des usages au sein de leur structure. Cela permet d’obtenir un état des lieux complet, d’élaborer un plan d’action sur mesure et de se fixer des objectifs clairs.
C’est alors qu’elles peuvent mettre en place des mesures adaptées :
- Rénovation thermique des bâtiments ;
- Changement du système de chauffage, de climatisation, d’éclairage ou de production d’énergie ;
- Renégociation des contrats d’énergie et de maintenance ;
- Transformation de la mobilité ;
- Développement des achats responsables ;
- Mise en place de challenges internes pour encourager les bonnes pratiques, etc.
Une démarche de sobriété énergétique aux multiples bénéfices
Le concept de sobriété énergétique fait écho au contexte actuel de crise. Pour autant, les entreprises qui s’engagent dans une telle démarche pourront en tirer de nombreux avantages sur le long terme :
- Réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et autres polluants comme les particules fines (pour rappel, le secteur de l’énergie, qui est dominé par les combustibles fossiles, représente 73 % des émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine ![4]) ;
- Contribuer à la préservation des ressources naturelles (charbon, pétrole, gaz, eau, métaux rares…) ;
- Anticiper les futures réglementations liées à l’efficacité énergétique, que cela concerne les bâtiments, le système de production, les flottes automobiles, etc. ;
- Réaliser des économies financières grâce à la réduction des factures énergétiques (post-crise) ;
- Améliorer leur image de marque et se différencier auprès des parties prenantes (clients, fournisseurs ou encore collaborateurs) ;
- Créer de nouvelles opportunités d’affaires.
S’engager en faveur de la sobriété énergétique et du développement durable représente une formidable opportunité de repenser son organisation, en phase avec sa stratégie de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE). C’est ainsi que chaque acteur pourra initier sa transition écologique, en contribuant au développement pérenne de ses activités.
[1] European Council for an Energy Efficient Economy, Global Lighting Challenge: Changing the world through public-private partnerships, 2017
[2] The Shift Project, “LEAN ICT: TOWARDS DIGITAL SOBRIETY”: OUR NEW REPORT ON THE ENVIRONMENTAL IMPACT OF ICT, 2019
[3] Thibaut Abergel, Maxine Jordan, Heating and air-conditioning: Issues and opportunities in France, Europe and the world, 2019
[4] United Nations, Theme report on energy transition towards the achievement of SDG 7 and net-zero emissions, 2021