Quel est le rôle des achats dans la réduction des émissions de scope 3 ?

Empreinte carbone entreprise
5 octobre 2023
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La décarbonation est devenue un enjeu majeur pour toutes les entreprises, privées comme publiques. Elles sont d’ailleurs nombreuses à avoir pris des engagements ambitieux vis-à-vis de la réduction de leur empreinte carbone, en phase avec l’Accord de Paris et son objectif de zéro émission nette à horizon 2050. Dans ce contexte, les directions des achats ont un rôle majeur à jouer pour réduire les émissions indirectes de gaz à effet de serre, aussi appelées émissions du scope 3, de façon efficace et durable.

Que sont les émissions de scope 3 ?

Ce sont le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD) et le World Resources Institute (WRI) qui ont initié le Protocole des GES à la fin des années 1990. Ce partenariat permet de poser un cadre pour comptabiliser et déclarer ses émissions de gaz à effet de serre (GES) : CO2, CH4, N2O, NF3, etc.  Celui-ci comprend trois principaux champs d’application pour réaliser son bilan carbone : les scopes 1, 2 et 3.

Alors que les scopes 1 et 2 couvrent les émissions directes et indirectes de gaz à effet de serre liées aux opérations (équipements et installations, production d’énergie utilisée…) d’une organisation donnée, le scope 3 désigne toutes les autres émissions indirectes. Ces émissions de gaz à effet de serre résultent des activités de ladite entreprise, mais proviennent de sources appartenant ou étant sous le contrôle d’une autre société. Le scope 3 d’une entreprise, ce sont donc les scopes 1 et 2 d’une autre organisation.

En d’autres termes, il s’agit des émissions carbone qui sont « importées » et qui proviennent essentiellement des fournisseurs. Parce que son champ d’application est extrêmement large, le scope 3 est difficile à adresser. Il n’en reste pas moins essentiel de le faire, et pour cause : le cabinet de consulting McKinsey & Company souligne qu’il représente généralement près de 80 à 90 % des émissions totales issues des activités d’une entreprise.

Cela couvre toutes les émissions indirectes de gaz à effet de serre en amont de la chaîne de valeur :

  • L’achat de produits et services ;
  • L’immobilisation ;
  • La consommation d’énergie et de carburant en amont ;
  • Le transport de marchandises et la distribution ;
  • Les déchets ;
  • Les trajets domicile-travail ;
  • Les déplacements professionnels ;
  • Les actifs loués en amont.

Le scope 3 comprend également les émissions en aval :

  • Le transport de marchandises ;
  • L’utilisation, la transformation et la fin de vie des produits vendus ;
  • Les actifs loués en aval ;
  • Les franchises ;
  • Les investissements.

Le rôle clé des achats dans les émissions du scope 3

À terme, tous les services des entreprises seront mobilisés dans cette quête à la décarbonation, tant sur les scopes 1, 2 que 3. Dans cette configuration, les directions des achats tiennent une place de premier choix pour participer à la réduction des émissions carbone et tout particulièrement des émissions indirectes, c’est-à-dire ce fameux scope 3.

Comme le souligne Leon Laubscher, responsable du programme stratégique sur le climat chez Unilever : « Un leader en matière de climat gère ses propres émissions internes. Un leader tourné vers l’avenir s’attaque également à sa chaîne d’approvisionnement. Cela peut sembler être un comportement altruiste à l’échelle planétaire, mais il est tout simplement judicieux sur le plan commercial de veiller à ce que vos fournisseurs survivent également à la transition que vous cherchez à favoriser. Utilisez votre pouvoir d’achat comme une force positive en vous engageant auprès de vos fournisseurs et en les aidant à gérer et à réduire leurs propres émissions. » 

En tant que manager des ressources externes, la fonction achats peut notamment influer sur la partie amont auprès des fournisseurs. Parce que la plupart des entreprises n’en sont qu’aux prémices de leur transition écologique et énergétique, c’est toute la chaîne d’approvisionnement, à grande échelle, qui doit se mettre en ordre de marche pour améliorer son empreinte carbone. Cela comprend les principaux partenaires de la supply chain, mais aussi les plus petites structures moins matures, qui concentrent souvent une grande part des émissions carbone.  

En plus de contribuer à la lutte contre le changement climatique, les stratégies complètes de décarbonation en entreprise (jusqu’au scope 3) viennent également répondre aux autres priorités des directions des achats, à savoir la réduction des coûts et la mise en conformité avec les réglementations croissantes. C’est donc un véritable cercle vertueux pour l’ensemble de l’écosystème.

Quelle stratégie pour agir sur les émissions de scope 3 ?

Au vu des différents niveaux de maturité des parties prenantes, les entreprises doivent miser sur l’accompagnement et la collaboration pour embarquer leur chaîne d’approvisionnement dans la réduction des émissions carbone.

Les directions des achats commencent souvent par promouvoir les efforts de réduction des émissions de CO2 dans les outils de communication utilisés auprès des fournisseurs et des clients. Cela peut notamment se faire à travers les codes de conduite, les clauses contractuelles ou encore les prix décernés aux partenaires qui se démarquent tout particulièrement dans ce domaine.

Après quoi elles s’attachent à mobiliser directement leurs fournisseurs autour de cet enjeu en s’inscrivant dans une dynamique d’amélioration continue.

Cela peut prendre plusieurs formes :

  • Intégrer des critères de durabilité dans les processus achats ;
  • Travailler sur des projets communs de réduction des émissions carbone ;
  • Collecter les données liées aux émissions carbone des fournisseurs ;
  • Sélectionner les fournisseurs en fonction de leurs émissions carbone ;
  • Favoriser l’économie circulaire dans les stratégies d’achat ;
  • Mettre en place des incentives liés à la performance pour les fournisseurs.

Aujourd’hui, les entreprises n’ont d’autre choix que d’adopter une vision globale pour atteindre la neutralité carbone et d’enclencher des actions concrètes au niveau de toute la chaîne de valeur. De plus, toute démarche de décarbonation doit s’imbriquer dans une stratégie plus large de développement durable, matérialisée dans la politique RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises).

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