Au cours des prochaines années, la fonction achats poursuivra sa transformation, tout secteur d’activité confondu. Alors que les acheteurs doivent réorienter leurs compétences autour de la vision stratégique et de l’intelligence relationnelle, les responsables achats doivent également repenser leurs missions et les aptitudes requises afin de préparer l’avenir. Tout acheteur sait très distinctement ce qu’il attend de son supérieur : être guidé sur les sujets clés de demain, bénéficier d’un accompagnement de proximité et voir les réalisations de son équipe être valorisées au sein de l’entreprise.
Renforcer ses connaissances en matière de durabilité
Alors que de plus en plus d’entreprises s’engagent en faveur du développement durable, le responsable achats doit impérativement se familiariser avec cet univers. Scopes 1, 2 et 3, CSRD, analyse du cycle de vie, produits éco-responsables, sourcing local, commerce équitable, logistique inverse… Les concepts, les méthodes et les exigences réglementaires qui régissent les achats responsables ne cessent d’évoluer à grande vitesse. Le responsable des achats doit maîtriser ce vocabulaire, mais également monter en compétences sur ces sujets. En effet, il lui faut bien comprendre comment chacune de ces notions s’applique à son organisation et sa chaîne d’approvisionnement, pour montrer la voie à ses équipes.
Imran Rasul, Directeur des Achats du groupe Co-op, ajoute : « Les professionnels doivent se sentir à l’aise pour discuter avec les fournisseurs et les parties prenantes internes de la réduction de l’empreinte carbone et les méthodes pour mesurer les émissions de la supply chain[CB1] . » Cela fait d’ailleurs écho aux enseignements de la dernière enquête menée par Deloitte, indiquant que, dans le top 3 des priorités des directeurs achats, se trouve l’amélioration de la RSE[1].
Évaluer la performance globale des achats
Aux prémices d’un monde hyper digital, les entreprises renforcent leur approche « data driven ». Le responsable achats, au même titre que ses pairs, doit s’inscrire dans cette dynamique en sélectionnant les bons indicateurs clés de performance. L’important est que ces KPIs lui permettent d’évaluer la contribution de la fonction achats à la création de valeur pour l’entreprise.
Dans un de ses derniers rapports, Deloitte explique d’ailleurs que les directions des achats les plus performantes et les plus agiles suivent généralement un plus grand nombre de KPIs[2] par rapport aux autres.
On peut notamment citer :
- La réduction et/ou l’évitement des coûts ;
- La durabilité ;
- Les risques et la conformité, comme le nombre et la gravité des incidents ;
- La performance des fournisseurs, tant au niveau des livraisons, de l’innovation, que de la qualité de service… ;
- L’amélioration de la trésorerie avec, par exemple, le fonds de roulement ;
- La satisfaction des parties prenantes internes ;
- L’efficience du travail, incluant les dépenses d’exploitation, par exemple ;
- La capacité d’innovation ;
- La rapidité de mise sur le marché de l’offre de produits ;
- L’augmentation des revenus ;
- Etc.
Ces résultats permettent notamment de démontrer la performance de la fonction achat ainsi que sa contribution au développement du business et à la création de valeur pour l’organisation. Le responsable achats peut alors travailler plus amplement sur la reconnaissance professionnelle de la fonction achat en interne et ainsi gagner en influence.
Exploiter les outils digitaux
Aujourd’hui, le quotidien des services achats est bouleversé par le développement des nouvelles technologies, qu’il s’agisse d’intelligence artificielle, de Big Data, d’automatisation robotique des processus (Robotic Process Automation), de blockchain, etc. Au même titre que l’acheteur, le responsable achats doit renforcer ses compétences dans le domaine de la digitalisation des achats. Cela couvre la maîtrise technique de ces outils, mais aussi la pensée computationnelle pour interagir avec ces machines et l’esprit d’analyse pour en interpréter les informations avec justesse.
Dans la même enquête menée par Deloitte, plus de la moitié des décideurs achats estiment manquer d’aptitude digitale, tout particulièrement en matière d’analytique. À ce titre, ils prévoient d’investir dans le développement de compétences clés telles que l’analyse avancée, l’automatisation robotique des processus, l’Internet des Objets…
Coacher les membres de l’équipe achats
Brice Malm, ex-partenaire senior chez Page Group, explique : « Les équipes recherchent un leader qui ressemble plus à un coach. Il doit fixer une direction, accompagner ses équipes, être avec elles sur le terrain, les aider à se poser les bonnes questions et à développer leur potentiel. »
En ce sens, le poste de responsable achats implique un véritable accompagnement humain de ses équipes. Il doit être à l’écoute, motiver et rassurer chacun de ses membres pour le faire grandir dans son parcours professionnel, tout en garantissant une expérience collaborateur enrichissante au sein de l’entreprise. Pour cela, il lui faut maîtriser certaines techniques et outils comme l’analyse systémique qui implique de se focaliser davantage sur le contexte relationnel plutôt que sur l’individu seul. Le responsable achats devra également renforcer certaines soft skills :
- La communication ;
- Le leadership ;
- La résilience ;
- La gestion du stress ;
- Etc.
Manager par l’exemplarité
Enfin, le responsable achats a un devoir d’exemplarité, comme tout manager au sein de l’entreprise.
Cette stature repose sur trois notions clés :
- La transparence : donner autant de visibilité que possible à ses équipes achats et être clair sur son poste, ses propres activités, l’usage de son temps et sa valeur ajoutée ;
- L’humilité : reconnaître ses erreurs, accueillir le feedback avec positivité, se fixer des objectifs d’amélioration et accepter d’être challengé par ses équipes ;
- L’intérêt collectif : se montrer juste envers ses équipes achats et ne laisser aucun doute sur le fait que l’intérêt collectif prime sur les intérêts individuels de ses membres.
Si les acheteurs souhaitent voir leur responsable achats manager par l’exemplarité, c’est aussi pour que celui-ci incarne les valeurs de son équipe et de son entreprise auprès de l’ensemble des parties prenantes.
Vous l’avez compris, le responsable achats doit prendre ses marques avec les nouveaux leviers achats, tant en matière de durabilité que de data ou encore de digitalisation. Il doit aussi se recentrer sur les membres de son équipe et les différentes façons de créer une dynamique collective, afin d’asseoir le positionnement stratégique de la fonction achat. En tant que véritable ambassadeur du service achat, il fera rayonner l’expertise et la valeur ajoutée de toute son équipe.