Entreprises comme êtres humains dépendent intrinsèquement des ressources naturelles de la planète (eau, sols…), mais aussi des services écosystémiques[1]. Tout ceci est regroupé sous le terme « capital naturel ». Aujourd’hui, plus que jamais, il s’agit d’intégrer ce capital naturel au sein des préoccupations sociétales, mais aussi du modèle économique des entreprises. Que faut-il savoir sur le capital naturel et pourquoi les entreprises doivent-elles s’y intéresser ?
Le capital naturel, qu’est-ce que c'est ?
Le terme «capital naturel» désigne l’estimation de la valeur de l’ensemble des ressources naturelles que l’homme utilise ou exploite pour produire des biens ou des services.
Le capital naturel comprend de nombreux éléments :
- Les forêts ;
- Les sols ;
- Le pétrole ;
- Les espèces végétales ;
- Les espèces animales ;
- Les minéraux ;
- L'eau ;
- L'air...
Les écosystèmes et les services écosystémiques, tels que la pollinisation des cultures ou la régulation du climat, font aussi partie du capital naturel.
La problématique de l’usage de ces ressources se pose avec leur surutilisation et leur surexploitation. Selon une estimation disponible en temps réel, il faudrait à ce jour presque 1,8 fois la Terre pour produire les ressources consommées par l’être humain et absorber ses déchets. En sachant cela, il n’est décemment pas possible de conserver le système de production actuel.
Le concept de capital naturel a ainsi été créé pour souligner l’importance de la conservation et de la gestion durable des ressources naturelles dans l’économie globale. Une entreprise doit donc l’intégrer dans la liste de son capital, au même titre que le capital humain, le capital technique, etc.
Entreprises et capital naturel : pourquoi s’y intéresser ?
Le respect du capital naturel est un élément clé pour une gestion responsable et une performance économique durable des entreprises. Les raisons pouvant les motiver à prendre en compte le capital naturel dans leur stratégie sont nombreuses.
1 – Des ressources naturelles limitées
Les ressources naturelles diminuent, ce qui fait augmenter leur prix. Les entreprises les utilisant comme matières premières risquent, par conséquent, de voir leur facture s’alourdir. La solution pour éviter de mettre à mal leur activité économique est de gérer ces ressources naturelles de façon durable.
2 – Une soutenabilité économique à long terme
Tout comme la vie humaine, les entreprises et les industries dépendent des services écosystémiques. Sans eux, le développement économique ne peut se faire. Afin d’assurer une soutenabilité économique à long terme, il est impératif de ne pas les détruire ou les surexploiter. En intégrant cette considération dans son intérêt, l’entreprise s’adapte plus facilement à l’évolution de l’environnement.
3 – De fortes préoccupations des parties prenantes
De nos jours, consommateurs, partenaires et parties prenantes s’intéressent plus que jamais aux actions prises par les entreprises en faveur de la durabilité et de la préservation de l’environnement. C’est en plaçant le capital naturel au cœur de leurs préoccupations que certaines d’entre elles connaissent aujourd’hui une croissance fulgurante. Elles se démarquent de la concurrence en améliorant leur image de marque et en attirant de plus en plus d’investisseurs engagés sur les questions environnementales.
La mise en œuvre d’une stratégie d’achats responsables est aussi un moyen efficace pour répondre à ces exigences.
4 – Le respect de la réglementation
Outre les bénéfices directs sur l’entreprise et sur la nature, la prise en compte du capital naturel est aussi une obligation légale. Les réglementations en matière de durabilité se durcissent. Les entreprises qui ne prennent pas en compte l’impact de leur activité sur le capital naturel peuvent être confrontées à des coûts élevés liés à la conformité et à des risques de poursuites judiciaires.
Levier stratégique pour l’entreprise, la RSE inclut le respect du capital naturel dans ses valeurs.
Quels sont les enjeux du capital naturel pour l’économie ?
L’activité économique d’une entreprise dépend largement des ressources naturelles de la planète et donc du capital naturel. Cependant, celui-ci s’épuise de plus en plus rapidement. Au cours des 50 dernières années, cette dégradation du capital naturel a mis en péril l’environnement. Pollution de l’air, de l’eau et de la terre, perte d’espace forestier et de la biodiversité, émissions de gaz à effet de serre, changement climatique… ne sont que quelques-unes des lourdes conséquences d’un tel mode de consommation et de production.
Pourtant, les entreprises peuvent mettre en place des actions spécifiques participant à inverser cette tendance. En plus de favoriser le développement durable, elles représentent pour la majorité un retour sur investissement positif non négligeable.
Comme le précise une étude McKinsey, si l’agriculture est le principal contributeur au dépassement des limites planétaires, le secteur de la vente au détail et des services a, lui aussi, un impact majeur sur la nature. Il représenterait, par exemple, 77 % de la pollution chimique et plastique.
Les secteurs de l’énergie et de l’industrie sont, quant à eux, les principaux contributeurs des émissions de gaz à effet de serre, entraînant le changement climatique.
Toujours selon cette étude McKinsey, l’action des entreprises pourrait limiter cette dégradation et aider à mettre le capital naturel sur la voie de la reprise d’ici à 2050.
Quelles sont les relations entre le capital naturel et la croissance ?
Capital naturel et croissance entretiennent des relations complexes. Fournissant les matières premières et les services écosystémiques utiles à la production, le capital naturel est considéré comme une source de croissance économique.
D’un autre côté, la croissance d’une entreprise peut avoir des conséquences négatives sur le capital naturel, du fait de :
- La surexploitation des ressources naturelles ;
- La destruction des habitats naturels ;
- La pollution engendrée ;
- La perte de la biodiversité ;
- Etc.
Ainsi, sans une gestion correcte et maîtrisée de ces impacts, le développement d’une entreprise s’en trouve compromis sur le long terme au vu des coûts élevés que cela représente.
La solution pour allier croissance économique durable et respect du capital naturel réside dans l’équilibre entre l’utilisation et la préservation des ressources naturelles, comme l’adoption d’une politique d’achats responsables.
Comment préserver le capital naturel pour une entreprise ?
Il existe de nombreuses solutions que les entreprises peuvent adopter afin de préserver le capital naturel. Parmi elles :
- La mise en place de nouveaux modèles de livraison ;
- Le recyclage des matériaux ;
- Le développement de techniques de fabrication plus économes en eau ;
- La réduction de la quantité de plastiques dans les emballages ;
- L’utilisation de plastique biodégradable ;
- Le passage à l’énergie solaire et éolienne.
Mais avant de se lancer dans des actions à l’aveugle, il est important que l’entreprise réfléchisse à une stratégie qui soit véritablement en accord avec le capital naturel et qui pérennise son économie. Voici quatre étapes qui permettent de segmenter cette réflexion :
- Évaluer l’empreinte de son activité sur la nature ;
- Identifier quelles solutions pourraient à la fois réduire l’impact sur l’environnement et améliorer les performances économiques de l’entreprise ;
- Fixer des objectifs, définir un ensemble d’actions et les inclure dans des initiatives plus larges ;
- Suivre leur progrès par rapport aux objectifs.
- Pour aller plus loin, téléchargez notre livre blanc «Politique achats et RSE».
[1] « Les services écosystémiques sont les multiples avantages que la nature apporte à la société. » (https://www.fao.org/ecosystem-services-biodiversity/en/)
