L’économie circulaire figure parmi les grands enjeux du monde actuel. Nombreuses sont les entreprises, quel que soit leur secteur d’activité, qui souhaitent l’intégrer à leur stratégie, au service de la transition écologique. Ce modèle, qui vise à rationaliser l’utilisation des ressources (matières premières, énergie, eau) et à réduire la production des déchets, constitue un formidable levier d’innovation, de création de valeur et de compétitivité pour nombre d’acteurs économiques. Les décideurs achats ont un rôle majeur à jouer dans cette dynamique et voient cela comme une priorité. Pour intégrer l’économie circulaire dans leurs activités, les directions des achats peuvent suivre trois grandes étapes qui se focalisent successivement sur la définition de la stratégie, l'ajustement du sourcing et le pilotage du contrat.
Définir sa stratégie d’achat circulaire
Le point de départ de cette démarche consiste à intégrer l’économie circulaire dans la stratégie d’achat des entreprises. Cela peut prendre la forme d’une charte de l’économie circulaire, par exemple. Elle devra inclure les objectifs, les engagements et les procédures de suivi de leur mise en œuvre. Cela permet à toutes les parties prenantes de disposer d’un cadre de définition général auquel se référer.
Dès lors, les directions des achats sont en mesure d’identifier des opportunités et de définir leurs priorités. Pour initier la mise en œuvre de cette stratégie, les acheteurs ont tendance à focaliser leurs premières actions sur les achats indirects. En effet, ces catégories d’achats ont souvent un impact non négligeable sur l’environnement, mais il existe des solutions circulaires accessibles sur le marché, sans surcoût. Cela peut être du papier recyclé, du mobilier issu du réemploi ou encore du matériel informatique reconditionné, par exemple.
Dans ce cadre, les directions des achats doivent travailler main dans la main avec les clients internes pour intégrer l’économie circulaire dans la (re)définition de leurs besoins, tout en prenant en compte tous les stades du cycle de vie des biens. Ensemble, ils doivent alors se poser les bonnes questions :
- Est-il possible de choisir des options qui ne sont pas fondées sur la propriété (location, mutualisation…) ?
- Est-il possible d’inclure des critères liés à l’économie circulaire (produits d’occasion ou reconditionnés, réparables avec des pièces détachées disponibles, rechargeables, issus d’une démarche d’éco-conception…) ?
- Qu’en est-il de la fin de vie de ces biens ?
3 typologies de modèles circulaires
À travers son guide « Des marchés publics pour une économie circulaire », la Commission européenne distingue plusieurs approches pratiques pour intégrer la circularité dans ses marchés. Elles sont classées en trois grands types ou niveaux de modèle.
Les systèmes
Ce niveau couvre les méthodes contractuelles. Par exemple, cela peut prendre la forme d’un contrat de location (plutôt que de vente) de matériel ou bien d’un accord de reprise par le fournisseur pour gérer la fin de vie du produit (réutilisation, remise à neuf, recyclage…).
Les fournisseurs
Il s’agit ici de la façon dont les fournisseurs intègrent l’économie circulaire dans leurs propres systèmes et processus. Il est question de la conception du produit, de la réparabilité des composants, de la réutilisation des produits, etc.
Le produit
Dans ce cas, cela concerne les spécifications techniques du produit (matériaux recyclables ou recyclés, etc.).
Qu’il s’agisse du secteur public ou privé, il est important de définir sa stratégie circulaire à travers ces trois dimensions, pour adopter une approche globale.
Intégrer l’économie circulaire dans son sourcing
Passée cette phase préparatoire qui initie leur transition vers l’économie circulaire, les directions des achats doivent consulter les acteurs sur le marché. En effet, il est important d’engager en amont le dialogue avec les fournisseurs des filières concernées pour les préparer à la mise en concurrence, adapter les critères à leurs capacités, identifier de nouvelles opportunités ou encore anticiper les facteurs de risques.
En parallèle, les entreprises doivent formaliser leur démarche d’achat circulaire dans un cahier des charges et se montrer le plus explicite possible avec leurs potentiels fournisseurs. C’est le meilleur moyen pour que ceux-ci apportent une réponse à la hauteur de leurs attentes. Voilà pourquoi la dimension circulaire doit transparaître dans la construction de chaque partie : le titre, les objectifs, l’objet du marché et les clauses qui détaillent la réalisation du projet. Tout au long de ce processus, il faut que les échanges avec les candidats en lice se poursuivent pour clarifier les points qui doivent l’être, mais aussi pour aider les futurs fournisseurs à améliorer leurs offres en matière d’économie circulaire.
Enfin, les directions des achats doivent procéder à l’évaluation de chaque fournisseur et de leurs offres respectives. Les prestataires qui répondent aux spécifications techniques peuvent alors être soumis à des critères circulaires de sélection qu’il faut pondérer en fonction des objectifs précédemment établis.
Suivre les engagements circulaires
Une fois le contrat mis en œuvre, il est capital d’assurer un pilotage adéquat des engagements circulaires pris par les différentes parties prenantes. Dans un premier temps, l’équipe en charge de la gestion de ce contrat doit être informée du contexte et bien comprendre les enjeux de ces engagements. C’est ainsi qu’elle peut veiller à la bonne exécution du contrat et à la mobilisation continue des différents acteurs impliqués.
Les services achats peuvent notamment mettre en place un système de suivi et d’évaluation. En parallèle, les différentes parties prenantes ont tout intérêt à prévoir des temps d’échange réguliers au cours desquels sont repris les objectifs et les indicateurs clés de performance prédéfinis pour identifier les ajustements potentiels nécessaires.
Cette dernière phase de gestion continue de la performance requiert une collaboration ouverte et transparente avec le prestataire. C’est à partir d’une relation de confiance que les partenaires peuvent prévenir toute difficulté et résoudre les éventuelles problématiques rencontrées au cours du contrat afin de garantir la création de valeur mutuelle.
Intégrer l’économie circulaire dans ses pratiques d’achats responsables requiert avant toute chose une approche agile et collaborative. Une fois la mise en place fructueuse de plusieurs projets d’achats circulaires, les entreprises peuvent ensuite approfondir leur stratégie d’économie circulaire en déployant une véritable approche systémique. À partir d’un bilan global et d’une méthodologie éprouvée, la fonction achats peut mettre en œuvre une politique durable d’achat circulaire qui répond aux nouvelles exigences sociales et environnementales.