Dans un contexte de crise, l’économie collaborative s’est considérablement développée, dans le milieu B2C comme B2B. Ce nouveau modèle économique, fondé sur le partage et l’échange de biens et de services entre pairs, offre des opportunités uniques pour optimiser ses ressources, tout en créant de la valeur en entreprise. Pour exploiter son plein potentiel, il convient d’en comprendre les enjeux et les avantages.
L’économie collaborative : définition
L’économie collaborative repose sur le partage et l’échange de biens, de services voire même de savoirs entre pairs. Ces modèles d’affaires privilégient ainsi l’usage à la possession. Dans certains cas, cela implique un échange monétaire (vente, location ou prestation de services) mais il peut en être autrement (troc, don, volontariat).
C’est la révolution digitale, et tout particulièrement l’avènement d’Internet, qui a permis à l’économie collaborative, aussi appelée économie du partage ou économie participative, de se développer à grande échelle. À travers des plateformes numériques et sécurisées de mise en relation, des communautés ont vu le jour. On retrouve désormais ce modèle socio-économique dans de nombreux secteurs d’activité : le logement, le transport, l’aide aux personnes, l’alimentation, la mode…
Si l’économie de partage s’est d’abord largement répandue auprès des particuliers, elle se développe également au sein des entreprises. On parle alors de partage B2B, ou partage interentreprises.
Navi Radjou, consultant et essayiste spécialisé dans l’innovation, a formalisé une taxonomie et un modèle de maturité qui identifie six formes de partage B2B. Celles-ci sont classées selon le niveau de confiance entre entreprises, allant des ressources aux enjeux limités qui font l’objet de relations transactionnelles, jusqu’aux ressources à forts enjeux qui relèvent de partenariat de cocréation avec une vision à long terme.
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Niveau 1 : les déchets
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Niveau 2 : les actifs physiques (stocks, espaces, bâtiments, équipements, véhicules)
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Niveau 3 : le pouvoir d’achat (coopératives d’achat)
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Niveau 4 : les collaborateurs (talents, compétences, expertise)
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Niveau 5 : les clients
Les avantages de l’économie collaborative
En partageant leurs ressources physiques et immatérielles, les entreprises font « mieux avec moins ». Cela leur permet à la fois d’optimiser leurs ressources, tout en créant de la valeur.
Réduire les dépenses
Tout d’abord, les entreprises peuvent transformer leurs coûts fixes relativement élevés en faibles dépenses variables. Plutôt que de construire de nouveaux entrepôts, ou de nouvelles usines, elles peuvent bénéficier autrement de ces espaces, ces infrastructures, ou encore ces équipements. Elles peuvent les louer, les emprunter, les échanger… Cela permet d’accroître de manière assez flexible ses capacités de production pour faire face à d’éventuels pics de demande par exemple.
Mutualiser les coûts
Les entreprises peuvent également mutualiser leur pouvoir d’achat pour négocier des accords collectifs avec leurs fournisseurs. Cela leur permet de réduire leurs dépenses de fonctionnement, tout en garantissant leurs approvisionnements. C’est particulièrement judicieux dans le cas de produits qui connaissent des pénuries ou qui sont soumis à de fortes fluctuations de prix. En regroupant leurs demandes, les entreprises peuvent même bénéficier d’économies d’échelle.
Générer des revenus
En monétisant ses ressources, il est également possible de générer de nouvelles sources de revenus pour son entreprise. Cela concerne à la fois les actifs physiques qu’immatériels. D’autant que des plateformes collaboratives se développent en ce sens pour faciliter les échanges. On peut notamment citer Flexe, Flowspace ou SpaceFill qui aident les sociétés dont les entrepôts sont sous-utilisés à louer leurs espaces à d’autres structures ; ou encore les plateformes d’économie circulaire spécialisées dans l’open innovation comme yet2.com et NineSigma pour maximiser la valeur de leur propriété intellectuelle inexploitée en les partageant avec des acteurs en quête d’innovation.
Favoriser l’agilité
Dans un monde volatil, incertain, complexe et ambigu (VUCA), les entreprises doivent s’adapter rapidement lorsque les conditions de marché évoluent soudainement. C’est justement l’avantage qu’offre le partage inter-entreprises, au service d’une plus grande résilience. En s’appuyant sur leurs réseaux, les acteurs économiques peuvent de manière très flexible bénéficier des actifs mis à disposition par leurs pairs, ou même créer leurs propres opportunités via une plateforme dédiée. Cela ouvre le champ des possibles pour tous les acteurs, sans réaliser d’importants investissements.
Booster l’innovation
L’économie collaborative favorise la flexibilité mais aussi l’intelligence collective, deux notions essentielles à l’innovation. S’inspirer les uns des autres, partager les connaissances, tester de nouveaux concepts, expérimenter à de petites échelles, accéder à des technologies de pointe… C’est l’essence même du partage inter-entreprises, et c’est aussi ce qui leur permet d’innover plus vite, de manière plus efficace et surtout à moindre coût. Cette notion est déterminante pour le succès commercial de chaque société.
Les enjeux de l’économie collaborative
L’économie collaborative vient répondre aux grands enjeux actuels des entreprises, à savoir la compétitivité, mais aussi l’impact social et écologique.
La compétitivité
Le premier enjeu auquel vient répondre l’économie collaborative est celui de la compétitivité. En mutualisant leurs coûts, en réduisant leurs dépenses, mais aussi en boostant l’agilité et l’innovation, les entreprises qui adoptent ce modèle jouissent d’une gestion optimale de leurs actifs, ce qui leur octroie un avantage concurrentiel majeur. Bien exploité, le partage inter-entreprises peut être un véritable catalyseur pour la croissance et le développement des organisations.
L’impact écologique
L’économie collaborative tend à mutualiser, partager et réutiliser les ressources des acteurs économiques, au service d’un nouveau mode de consommation durable et respectueux de l’environnement. En cela, ce modèle est étroitement lié à l’économie circulaire. Navi Radjou est également convaincu de ces bienfaits, et cela quel que soit le niveau de maturité : « Le partage B2B aura également un impact positif considérable sur l’environnement. Rien qu’en engageant toutes ses entreprises au Niveau 1 du partage B2B, à savoir le recyclage des déchets et la réutilisation des ressources au sein des réseaux d’échange, chaque pays peut réduire ses émissions de 39 %. Le partage des actifs physiques — stocks, bâtiments, véhicules, équipements — au Niveau 2 serait aussi écologiquement vertueux. »
L’impact social
L’économie collaborative a également une visée sociale, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, ce modèle donne accès à tous types d’entreprises à des actifs et des compétences, à moindre coût. Les premières qui en bénéficieront seront les structures les plus vulnérables de l’économie, à savoir les très petites entreprises (TPE), les petites et moyennes entreprises (PME), ainsi que les artisans par exemple. C’est ainsi que ces acteurs pourront gagner en résilience, en agilité et en performance. L’économie collaborative peut également être contribuer à créer, ou maintenir, des emplois sur les territoires. C’est donc un formidable levier pour le développement économique des territoires.
En partageant de façon ingénieuse leurs actifs matériels et immatériels, les entreprises gagnent en efficience, en résilience et en agilité. Elles impactent également positivement tout leur écosystème, et la planète. Ce modèle amorce donc une transformation profonde des entreprises en faveur d’un mode de consommation collaborative des entreprises, en faveur d’une société plus inclusive et régénératrice.