Quels sont les 9 indicateurs clés pour mesurer l’efficacité de votre démarche d’économie circulaire ?

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22 janvier 2024
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Aujourd’hui, l’économie mondiale n’est circulaire qu’à 8,6 % d’après le dernier rapport du think tank Circle Economy. Pourtant, ce modèle économique ouvre la voie à un monde plus durable et respectueux de l’environnement. En s’engageant en faveur de la transition circulaire et écologique, les entreprises font le choix de concilier performance économique et préservation de la planète. Pour avancer dans cette direction, elles ont notamment besoin d’un langage commun et de moyens de mesure. C’est pourquoi le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD) a élaboré, conjointement avec un groupe d’entreprises membres, une méthodologie ainsi qu’une série d’indicateurs clés de performance dans le but d’aider les organisations à piloter leur transition circulaire.

L’importance des indicateurs en matière d’économie circulaire

Par définition, l’économie circulaire est un modèle économique régénérateur. Ce mode de production et de consommation vise à maximiser la durée de vie des ressources et à réduire les déchets au service de la consommation durable. Une fois que les entreprises ont pris la décision d’intégrer l’économie circulaire au cœur de leur business model vient la question de l’évaluation et du suivi de ces résultats. Pour piloter cette démarche, il est indispensable de mettre en place des indicateurs d’économie circulaire. Ces données objectives aident les organisations à se fixer des objectifs, à évaluer leurs progrès sur les différents domaines, puis à orienter leurs actions.

L’importance de la communication n’est pas négligeable. Les entreprises peuvent également partager leurs avancées avec leurs parties prenantes : en interne, pour fédérer les équipes autour de cette transformation en faveur de l’économie circulaire, mais aussi en externe. Ce sont autant d’informations qui intéresseront les clients, mais aussi les fournisseurs, les investisseurs, les pouvoirs publics, etc.

Les entreprises ont donc besoin d’indicateurs d’économie circulaire, mais lesquels ? Il y a encore quelques années, la plupart des entreprises avaient élaboré leur propre méthode. Bien qu’il existe différentes approches, aucune ne semblait faire autorité : le diagramme papillon de la Fondation Ellen MacArthur, le cadre de reporting du Global Reporting Initiative, le concept Cradle to Cradle

Si ce choix dépend toujours de chaque organisation, une méthode mérite attention. C’est celle des Indicateurs de Transition Circulaire (Circular Transition Indicators) imaginée par le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD), conjointement avec 30 entreprises membres et le cabinet de conseil KPMG.

Diane Holdorf, Vice-Présidente exécutive du WBCSD, en explique les fondements : « Conçus pour les entreprises, par les entreprises, les Indicateurs de Transition Circulaire (CTI) offrent un moyen simple, cohérent et indépendant de tout secteur de mesurer la circularité. Ces indicateurs transparents, quantitatifs et comparables aident les entreprises à prendre des décisions pour accroître l’approvisionnement circulaire, identifier les possibilités d’améliorer la récupération des ressources et fermer efficacement les boucles. La mise en place des indicateurs de Transition Circulaire crée une réelle valeur ajoutée pour les entreprises en les aidant à fixer des objectifs SMART[1], à atténuer les risques et à établir des relations entre les services et les chaînes de valeur. Les entreprises qui utilisent les Indicateurs de Transition Circulaire développent une résilience organisationnelle et sont mieux équipées pour répondre à la pression croissante des investisseurs, des clients et des régulateurs en matière de transparence, de stabilité et de progrès mesurables autour du développement durable. »

Les indicateurs pour mesurer l’économie circulaire

Cette méthodologie permet de mesurer la circularité à l’échelle d’une entreprise, mais aussi de divisions commerciales ou encore de produits et services. Elle s’appuie sur quatre grands modules, chacun contenant son propre lot d’indicateurs. Globalement, cette évaluation se concentre sur les flux de matières au sein de l’entreprise, mais aussi sur l’efficacité des ressources naturelles et sur la valeur ajoutée par l’entreprise circulaire.

Fermer la boucle

Ce premier module vise à évaluer la capacité d’une entreprise à « fermer la boucle » de ses flux de matières.

La circularité

Cet indicateur évalue à la fois l’approvisionnement, la conception et le modèle d’affaires, car il se concentre sur l’ensemble des flux (entrants et sortants). Le pourcentage de circularité est la moyenne pondérée de deux indicateurs clés : le pourcentage de flux entrants circulaires et le pourcentage de flux sortants circulaires.

% de flux entrants circulaires = % de contenu non vierge ou % de contenu renouvelable (ressources biosourcées)

% de flux sortants circulaires = % de potentiel de récupération x % de récupération effective

La circularité de l’eau

L’eau douce est un élément clé de l’économie circulaire, qui se distingue des flux de matières. Cet indicateur vise à limiter la demande en eau douce, tout en garantissant sa disponibilité.

% de circularité de l’eau = (% de circularité des volumes d’eau entrants + % de circularité des volumes d’eau sortants) ÷ 2

L’énergie renouvelable

Ce module se clôture par un dernier indicateur essentiel de l’économie circulaire : l’énergie renouvelable (énergie solaire, éolienne, hydroélectrique, etc.).

% d’énergie renouvelable = (consommation annuelle d’énergie renouvelable ÷ consommation annuelle d’énergie totale) x 100

Optimiser la boucle

Dans ce deuxième module, il s’agit de se concentrer davantage sur l’efficacité dans l’utilisation des ressources.

Les matériaux critiques

Cet indicateur permet aux organisations de mesurer les risques liés à l’utilisation de certaines matières. Les matériaux critiques sont ceux dont l’approvisionnement peut présenter des aléas, avec des impacts conséquents pour l’entreprise. Cela concerne, par exemple, l’aluminium, le cuivre, le nickel, le phosphore, le lithium, etc.

% de matériaux critiques = (masse des matériaux entrants considérés comme critiques ÷ masse totale des flux entrants linéaires) x 100

La répartition des modes de récupération

Cet indicateur se focalise sur la façon dont les entreprises récupèrent leurs flux sortants (réutilisation, reconditionnement, réusinage, recyclage, etc.) et les intègrent de nouveau dans la chaîne de valeur. Cela peut être par le biais de cycles techniques ou biologiques, chacun ayant son propre niveau de valorisation (moyen ou élevé).

La circulation de l’eau en interne

Cet indicateur se concentre sur la circulation de l’eau au sein d’un site pour mettre en exergue son niveau de revalorisation (réutilisation et recyclage).

Circulation de l’eau en interne = (quantité d’eau consommée - quantité totale d’eau prélevée) ÷ quantité totale d’eau prélevée + 1

Valoriser la boucle

Ce troisième module met en lumière la valeur ajoutée, sur le plan commercial, des flux de matières circulaires pour les entreprises.

La productivité des matériaux circulaires

Cet indicateur met en exergue la capacité des entreprises à détacher leurs performances financières et économiques de la consommation linéaire des ressources. Si le chiffre augmente, c’est que la démarche fonctionne.

Productivité des matériaux circulaires = chiffre d’affaires ÷ masse totale d’entrants linéaires

Le revenu CTI

Cet indicateur est capital, car il évalue la performance circulaire relative à l’utilisation efficace des ressources et aux gains financiers. Cela met en lumière la valeur générée par les investissements circulaires.

Revenu CTI (produit) = [(% de flux entrants circulaires + % de flux sortants circulaires) ÷ 2] x chiffre d’affaires

L’impact de la boucle

Dans la toute dernière version de la méthodologie, un quatrième et dernier module a été ajouté. Il s’agit de l’impact des stratégies circulaires sur l’atteinte des objectifs de durabilité. L’idée est d’évaluer la différence d’impact entre le niveau actuel de circularité de l’entreprise et une potentielle circularité à 100 %. Cet indicateur se focalise sur l’impact des émissions de gaz à effet de serre et pourra être suivi par d’autres indicateurs d’économie circulaire à l’avenir.

En résumé, les indicateurs d’économie circulaire sont essentiels pour piloter cette démarche responsable de gestion des ressources, partager ses progrès au plus grand nombre et encourager chacun à accélérer sa transition circulaire et écologique. Qu’il s’agisse des indicateurs suggérés par le WBCSD ou par d’autres acteurs engagés pour la protection de l’environnement, l’essentiel est d’initier le mouvement. Les référentiels, mais aussi les normes continuent de voir le jour dans ce domaine pour poser un cadre universel et favoriser l’entrepreneuriat circulaire et, ainsi, le développement durable.

[1] Spécifique, Mesurable, Atteignable, Relevant (Pertinent) et Temporel

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