Le plastique est désormais partout. Majoritairement fabriqué à partir de combustibles fossiles, on retrouve ce matériau dans nos vies quotidiennes, jusque dans notre eau et notre alimentation. Face aux enjeux écologiques et sanitaires que cela représente, les réglementations s’intensifient dans le monde entier. La grande priorité étant de réduire les plastiques à usage unique, qui constituent un véritable fléau. Dans cette démarche, les entreprises ont un rôle clé à jouer, avec la fonction achats en tête d’affiche.
Les réglementations se durcissent pour le plastique
Les politiques visant à réduire l’impact des matières plastiques sont de plus en plus nombreuses, à travers le monde.
Zoom sur l’Union européenne
Au sein de l’Union européenne, la directive sur les plastiques à usage unique a ouvert la voie à un ensemble de restrictions. C’est ainsi que depuis plusieurs années, sont interdits :
- Les couverts jetables ;
- La vaisselle ;
- Les pailles ;
- Les bâtonnets mélangeurs ;
- Les cotons-tiges ;
- Les baguettes de ballons ;
- Les gobelets à emporter ;
- Les emballages de restauration rapide ;
- Les récipients alimentaires jetables en polystyrène expansé.
Le texte impose également progressivement un tri séparé, ainsi qu’une part de matériau recyclé dans la composition des bouteilles en plastique. Sans oublier l’imposition d’un marquage obligatoire pour aider au recyclage.
À ce jour, un projet de règlement sur les emballages prévoit d’aller encore plus loin. Certains types d’emballages plastiques à usage unique s’apprêtent ainsi à être interdits. Il s’agit, par exemple, des :
- Emballages de portions individuelles ;
- Emballages miniatures pour les articles de toilette ;
- Sacs en plastique très légers ;
- Etc.
La loi plastique 2025
En France, la loi plastique 2025 s’inscrit dans cette dynamique globale. Elle fait écho à toute une série de mesures visant à réduire l’utilisation des plastiques à usage unique.
Ses trois points clés sont :
- L’interdiction progressive des contenants alimentaires en plastique pour la cuisson, le réchauffage et le service dans la restauration collective, notamment dans les écoles et certains établissements de santé ;
- Un objectif clé : atteindre 100 % de recyclage des emballages en plastique à usage unique ;
- La fin de la mise sur le marché des emballages en plastique à usage unique.
Au-delà de la France et de l’Europe, on retrouve ce type d’initiatives dans le monde entier. Pour les sacs plastiques, par exemple, les restrictions s’étendent de la Chine au Rwanda, en passant par l’Indonésie. De son côté, l’Assemblée des Nations Unies pour l’Environnement avait adopté une résolution historique afin de négocier un traité mondial de lutte contre la pollution plastique. Aujourd’hui, les négociations se poursuivent…
La priorité : réduire les plastiques à usage unique
Actuellement, la production et la consommation de plastique sont en constante croissance. Elle a même quadruplé au cours des 30 dernières années[1]. Ce phénomène est à l’origine d’une grave crise écologique et sanitaire. Tout au long de son cycle de vie, le plastique engendre des émissions de gaz à effet de serre, de la pollution et de graves problèmes de santé.
Tout d’abord, le plastique n’est pas biodégradable dans l’environnement naturel. Celui-ci se décompose en « microplastiques » qui attirent les produits chimiques toxiques, sont ingérés par la faune et se retrouvent ensuite dans notre chaîne alimentaire. De plus, le plastique connaît un faible taux de collecte et de recyclage. Et pour cause, la plupart des plastiques ne sont pas recyclables à l’infini comme d’autres matériaux (le verre, par exemple). Ils sont plutôt « downcyclés », c’est-à-dire transformés en produits de qualité inférieure qui, à terme, ne sont plus recyclables. À l’échelle mondiale, seuls 9 % des plastiques sont recyclés1.
Tous ces éléments mis à bout soulignent l’importance de réduire le problème à la source. Cela commence avec la réduction des plastiques à usage unique. Vous savez, ces produits qui sont partiellement ou entièrement fabriqués à partir de plastique et conçus pour n’être utilisés qu’une seule fois ou pour un usage à court terme, avant d’être éliminés. Cela prend la forme de sacs, emballages, bouteilles, gobelets, boîtes, films, vaisselles… Tous ces articles représentent, à eux seuls, 50 % de la production mondiale de plastique[2] ! C’est donc une source majeure de gaspillage de la matière.
Au-delà des enjeux environnementaux et réglementaires, la réduction des plastiques à usage unique répond aussi à une demande croissante des consommateurs. Les clients, qu’ils soient particuliers ou professionnels, privilégient de plus en plus les entreprises qui s’engagent dans des démarches durables. Ne pas s’adapter rapidement à ces nouvelles attentes représente un risque commercial. À l’inverse, les entreprises qui prennent les devants renforcent leur attractivité et fidélisent une clientèle soucieuse des enjeux environnementaux.
Quels leviers achats activer pour s’adapter ?
Face à la multiplication de ces réglementations et cette prise de conscience collective, les entreprises doivent se mettre en ordre de marche. Dans cette dynamique, les directions achats ont un rôle clé à jouer pour réduire autant que possible l’achat de produits en plastique à usage unique.
Pour la plupart de ces produits, les acheteurs vont pouvoir retravailler le cahier des charges, en collaboration avec les équipes métier. L’objectif : remplacer les produits en plastique à usage unique par des solutions durables.
En voici quelques exemples, par ordre de priorité :
- Les produits réutilisables, comme un mug qui pourrait venir remplacer un gobelet jetable ;
- Les produits provenant d’une source durable et renouvelable comme le papier ;
- Les produits provenant d’une source abondante, comme le verre ou le métal ;
- Les produits fabriqués à partir du meilleur plastique disponible, c’est-à-dire issu de matériaux recyclés, qui sont entièrement recyclables ou qui sont des bioplastiques.
3. Optimiser la chaîne d’approvisionnement
Au-delà de l’enjeu écologique, la réduction des plastiques à usage unique représente une opportunité d’optimisation logistique et financière. En diminuant la dépendance aux plastiques fossiles, les entreprises peuvent stabiliser leurs coûts et anticiper les fluctuations des matières premières.
L’utilisation d’emballages réutilisables permet également de réduire les volumes d’achat et les coûts de stockage. Par ailleurs, des alternatives plus légères et plus compactes facilitent la gestion des flux logistiques et diminuent l’empreinte carbone liée au transport.
Enfin, les entreprises peuvent rationaliser leurs approvisionnements en favorisant les circuits courts et en travaillant avec des fournisseurs qui proposent des solutions innovantes et conformes aux nouvelles réglementations.
4. Explorer le marché
Pour trouver la meilleure option, il est indispensable de sonder le marché et d’engager la conversation avec ses fournisseurs pour identifier les dernières innovations. Aujourd’hui, de nombreuses entreprises innovent sur le marché du plastique avec des couverts 100 % comestibles, du ruban adhésif en papier kraft, des emballages à partir de mycélium – la partie végétative des champignons…
C’est ce que souligne Emmanuelle Perdrix, présidente du groupe Hyleance[4] : « Le plastic bashing représente également une opportunité d’innovation pour les entreprises du secteur, c’est un moteur de réflexion. Chez nous, cette innovation pourrait passer par l’utilisation d’un matériau recyclé ou bio-sourcé ou par un nouvel usage, avec des couverts placés dans une pochette pour être réutilisés. Une alternative consisterait à proposer à nos clients de récupérer le produit en fin de vie pour le recycler. »
5. Former les équipes
Il est primordial de sensibiliser les équipes achats et les prescripteurs sur le sujet. Cela implique de mettre en place des sessions de formation, mais aussi d’instaurer des chartes environnementales. Il est possible, par exemple, d’organiser une Fresque du Climat. Cet atelier ludique et pédagogique mobilise l’intelligence collective pour sensibiliser les participants au changement climatique. C’est l’occasion de replacer les enjeux écologiques au cœur des échanges et de mettre en lumière les bonnes pratiques à la portée de chacun dans son métier.
Toutes ces réglementations ont pour ambition de promouvoir une économie circulaire, où l’on privilégie le réemploi des matériaux et la réparation des produits. Les entreprises ont tout intérêt à prendre ce virage stratégique pour répondre aux attentes des clients, renforcer leur image de marque et garantir une croissance durable.
[3] Marline, WEBER (Chargée politique de l'achat durable et de la cohésion des territoires, Ministère de la Transition écologique), Le débat, SMART @WORK, 15 juin 2024, 28 min, B-Smart, [https://www.bsmart.fr/video/24630-smart-work-15-juin-2024]
[4] Emmanuelle, PERDRIX (Présidente du groupe Hyleance), Décision Achats, 28 août 2019, [https://www.decision-achats.fr/Thematique/fournisseurs-1235/Breves/plastique-eteint-idees-eveillent-341580/all.htm]