Aujourd’hui plus que jamais, le contexte économique est marqué par une hausse générale des coûts et une compétition accrue. Pour assurer leur rentabilité, les entreprises doivent maîtriser le coût de revient de leur offre de biens et/ou de services. Cela implique de calculer toutes leurs dépenses, pour ensuite pouvoir mettre leurs coûts sous contrôle et actionner les bons leviers d’économies, sans compromettre la qualité.
Le coût de revient : définition
Le coût de revient, aussi appelé coût unitaire ou prix de revient, désigne l’ensemble des coûts supportés par une entreprise pour mettre un bien et/ou un service à la vente. Autrement dit, cela correspond à la somme de toutes les charges directes et indirectes afin de produire une unité.
Emmanuel Hachez, expert sur le sujet, explique dans son ouvrage : « Régulièrement, le responsable d’entreprise est confronté à des questions importantes qui font intervenir les prix de revient. Pourtant, ces questions concernent des aspects très divers de la gestion, voire de la stratégie de son entreprise ; elles peuvent être perçues comme immédiates, par exemple, pour fixer le prix de vente ou remettre une offre, ou plus lointaines, par exemple, le maintien ou le développement d’une ligne de produits. »
En effet, si l’entreprise vend son produit au prix de son coût de revient, elle récupère son investissement, mais ne réalise aucun bénéfice. Toute société doit calculer son coût de revient unitaire pour déterminer son prix de vente, en y intégrant sa marge brute ainsi que la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Le coût de revient sert alors d’indicateur pour éviter de vendre ses produits et/ou services à un prix trop bas. C’est ce qui permet également à une entreprise de définir son seuil de rentabilité, c’est-à-dire le chiffre d’affaires minimum à réaliser pour couvrir l’ensemble des charges.
Le calcul du coût de revient constitue donc une étape indispensable dans la vie de toute entreprise, afin de garantir la rentabilité de son offre de produits et/ou services. Cela permet d’évaluer la performance économique de chaque unité, et ce, de manière exhaustive.
Les composants du coût de revient
Pour calculer le coût de revient, il convient de lister l’ensemble des charges qui contribuent à la production dudit bien et/ou service, que ce soit de manière directe ou indirecte. Cela implique un inventaire aussi exhaustif que minutieux au sein de son entreprise.
Les charges directes
Les charges directes désignent toutes les dépenses d’une entreprise qui ont un lien direct avec la fabrication d’un produit ou la prestation d’un service.
Cela couvre principalement :
- L’achat de matières premières et de fournitures ;
- Les dépenses d’énergie (électricité, gaz, carburant…) ;
- Les salaires des collaborateurs ;
- Les frais de livraison…
Les charges indirectes
Derrière les charges indirectes, on retrouve toutes les dépenses qui ne sont pas directement liées à la production d’un bien ou d’un service. Parce qu’ils sont disséminés dans toute l’entreprise, il est plus délicat d’identifier et de quantifier ces frais.
Cela comprend, par exemple :
- Le loyer des locaux de l’entreprise ;
- Les dépenses pour promouvoir le bien et/ou service ;
- Les salaires des autres collaborateurs (ressources humaines, comptabilité, après-vente…) ;
- Les frais de gestion administrative…
Comment calculer un coût de revient ?
Pour calculer le coût de revient d’un bien et/ou service, il convient d’additionner les charges directes et les charges indirectes, que l’on divise ensuite par le nombre d’unités produites ou de services rendus.
Toutefois, le calcul du coût de revient n’est pas toujours aussi simple dans la pratique. En effet, l’exercice se complexifie quand une entreprise vend simultanément plusieurs catégories de produits ou encore quand il s’agit d’une production saisonnière, par exemple.
Dès lors, il convient de s’interroger sur la bonne façon de répartir et d’imputer les charges communes, tout comme les charges indirectes. C’est pourquoi il existe des méthodes de calcul plus poussées. Nous pouvons citer, à titre d’exemple, la méthode des coûts complets ou encore la méthode ABC.
La méthode des coûts complets
C’est une méthode traditionnelle de la comptabilité analytique. Elle consiste à associer les charges indirectes à des centres d’analyse principaux et auxiliaires : approvisionnement, production, distribution, administration, service après-vente… Il s’agit ensuite de déterminer la part de ces centres d’analyse qui est imputable à chaque produit et/ou service, en s’appuyant sur les unités d’œuvre. Par exemple, on peut choisir le mètre carré comme unité d’œuvre pour répartir le loyer.
La méthode ABC
La méthode ABC (Activity Based Costing) est une variante de la méthode précédente. Toutefois, elle centre son analyse sur les coûts de revient par activité et non par produit. Le principe est que les produits consomment des activités, qui consomment elles-mêmes des ressources. Cela implique de découper son organisation par activités, processus et tâches. À l’issue de processus, l’entreprise obtient une image globale de son propre fonctionnement.
Comment optimiser le coût de revient ?
Une fois que l’entreprise a calculé le coût de revient de ses produits et/ou de ses services, tout l’enjeu est d’optimiser les bénéfices, en phase avec ses orientations stratégiques. On peut, par exemple, s’attacher à accroître les ventes, augmenter sa marge ou encore réduire ses coûts, qu’ils soient directs ou indirects.
Dans ce dernier cas de figure, les directions achats ont un rôle de premier choix en la matière. Pour réduire les coûts directs, les équipes achats peuvent, par exemple, négocier de meilleures conditions contractuelles avec leurs fournisseurs, telles que des remises sur volume. Elles peuvent aussi challenger le marché et sourcer des matières, des produits ou des services qui présentent un meilleur rapport qualité/prix.
Les acheteurs ont également une marge de manœuvre sur les coûts indirects. Ils peuvent ainsi s’attacher à rationaliser les fournisseurs pour réduire le coût de leur gestion, mais aussi les coûts transactionnels. Ils peuvent également piloter la qualité des processus fournisseurs en suivant leur taux de service. Cela implique de traquer les gaspillages au moment du passage de la commande, du transport, de la réception, de la facturation… Tout cela dans le but de réduire les coûts et d’améliorer la performance globale.
Bien plus qu’une simple agrégation des dépenses, le coût de revient est donc un élément essentiel de la gestion financière de toute entreprise. Cette notion joue un rôle clé dans le contrôle des coûts, la prise de décision stratégique et l’évaluation globale de la rentabilité. C’est un levier à la portée de chaque entreprise pour s’assurer une croissance durable.