Favoriser la décarbonation pour une chaîne d’approvisionnement plus durable

28 mai 2024
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À l’heure de la crise climatique, la décarbonation de l’économie mondiale émerge comme un impératif majeur pour les acteurs économiques. Cette démarche, axée sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, est devenue un pilier essentiel pour créer une chaîne d’approvisionnement durable. C’est un choix stratégique, à la fois sur le plan environnemental et économique, pour façonner un avenir où la prospérité des entreprises va de pair avec la lutte contre le changement climatique.

Comprendre la décarbonation

Par définition, la décarbonation désigne l’ensemble des techniques et des mesures qui ont pour objectif de réduire l’empreinte carbone, autrement dit les émissions de gaz à effet de serre, d’une entité. On parle de décarbonation à l’échelle mondiale, des pays, des secteurs d’activité, mais aussi des entreprises.

Cette démarche, que l’on retrouve sous le terme de décarbonation ou décarbonisation, a un objectif phare : limiter l’impact sur le climat. Rappelons à ce titre que les émissions de gaz à effet de serre (comme le dioxyde de carbone ou le méthane) sont responsables du changement climatique, l’un des enjeux environnementaux majeurs de notre siècle.

La décarbonation des économies, indispensable pour atteindre la neutralité carbone, devient urgente. Cette pression fait écho à l’objectif contraignant fixé lors de l’Accord de Paris, qui est de limiter le réchauffement climatique à un niveau nettement inférieur à 2 °C (idéalement à 1,5 °C) par rapport au niveau préindustriel, en atteignant la neutralité carbone dès le milieu du XXIe siècle.

D’autant que le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime que les pays développés doivent accélérer leurs objectifs en la matière. Pour l’Union européenne, par exemple, il s’agit d’avancer l’échéance du projet de 5 ans (passant de 2050 à horizon 2045) !

Pour rappel, la neutralité carbone consiste à trouver un certain équilibre entre les émissions de CO2 issues de l’activité humaine et les absorptions de ce même gaz par les puits de carbone, à l’échelle mondiale. Cela vise à stabiliser le niveau de concentration de CO2 dans l’atmosphère dans le but de lutter contre le réchauffement des températures à l’échelle mondiale.

La décarbonation : un processus en plusieurs étapes

La décarbonisation de la chaîne d’approvisionnement est un défi de taille pour les entreprises engagées en faveur de la transition écologique. Ce processus ne se limite pas à une simple réduction des émissions de carbone ; il nécessite une approche méthodique et structurée pour transformer les opérations commerciales en faveur de l’environnement.

Diagnostiquer son empreinte carbone

Tout d’abord, l’entreprise doit procéder à l’évaluation approfondie de son empreinte carbone existante. C’est un exercice détaillé qui permet de cartographier précisément les sources d’émissions tout au long de la chaîne d’approvisionnement. Cette analyse identifie les principaux postes émetteurs de gaz à effet de serre, qu’ils soient liés au transport ou à la production, par exemple. Ces données deviennent des repères essentiels pour mesurer les progrès futurs et ajuster les stratégies de réduction des émissions.

Élaborer une stratégie de décarbonation

À partir d’un tel état des lieux, l’entreprise peut élaborer sa stratégie de décarbonation. Celle-ci va bien au-delà d’un simple objectif global de réduction de la consommation d’énergies fossiles et des émissions de gaz à effet de serre induites. Elle comprend des objectifs précis, temporels et quantifiables, qui déterminent des réductions spécifiques à atteindre à chaque étape de la chaîne d’approvisionnement. Cette stratégie intègre également des étapes d’exécution clairement définies, des plans d’action adaptés, ainsi que des indicateurs de performance pour évaluer l’efficacité des mesures mises en place.

Mettre en œuvre et suivre ses actions de décarbonation

La mise en œuvre de la stratégie de décarbonation nécessite une collaboration étroite avec toutes les parties prenantes, et tout particulièrement les fournisseurs. Il est primordial d’instaurer des partenariats solides et une communication transparente pour s’assurer qu’ils adhèrent et contribuent activement à cette stratégie. De plus, l’intégration de technologies innovantes est un investissement crucial.

Les leviers et technologies de décarbonation

Pour réussir sa décarbonation, il s’agit de consommer moins et mieux. Les entreprises doivent se fixer des objectifs ambitieux, tout en priorisant les actions faciles à mettre en œuvre, mais qui restent particulièrement rentables, qu’on appelle les « quick wins ».

Il existe plusieurs leviers phares de décarbonation :

  • Initier sa transition vers les énergies renouvelables (solaire, éolien, hydraulique…) ou d’autres énergies à basse émission (nucléaire ou gaz naturel) ;
  • Améliorer l’efficacité énergétique (utilisation d’équipements plus performants, optimisation des processus…), mais aussi la sobriété énergétique (développement du télétravail, extinction des équipements quand ils ne sont pas utilisés…) ;
  • Sécuriser les puits de carbone naturels, tout en développant les technologies pour capturer et stocker (ou réutiliser) le CO2.

Les technologies phares de décarbonation

Maud Danel-Fédou, associée spécialiste en stratégie Climat & Décarbonation chez KPMG, explique : « Le climat est un sujet transformant pour toutes les organisations. Lorsque les calculs du point de départ (bilan émissions de gaz à effet de serre) et des trajectoires de décarbonation sont finalisés, les entreprises font face au défi de la mise en œuvre de solutions concrètes pour atteindre leurs ambitions. Dans cet objectif, la maturité des technologies de décarbonation et la possibilité de les déployer à grande échelle représentent un atout majeur pour réussir la transition énergétique à condition qu’elles soient adaptées à l’activité et au marché de chaque entreprise. »

Plusieurs technologies de ce type sont en cours de développement :

  • L’utilisation de l’hydrogène comme combustible ou comme matière première dans les produits chimiques, ou comme réactif dans les procédés chimiques ;
  • L’utilisation de la biomasse comme combustible ou comme matière première ;
  • Les solutions pour piéger, puis stocker (dans le sol) ou utiliser le carbone.

Si ces solutions techniques en sont encore à leurs prémices, il leur faudra avant tout fonctionner à l’énergie verte, autrement dit à partir de sources renouvelables.

Les nouvelles technologies au service de la supply chain

L’intégration de technologies émergentes joue également un rôle crucial pour décarboner sa chaîne d’approvisionnement, en identifiant les opportunités d’amélioration. Il peut s’agir de systèmes de suivi des émissions de gaz à effet de serre en temps réel ou encore d’outils pour optimiser les itinéraires et réduire les distances parcourues.

Qu’elles s’appuient sur l’Intelligence Artificielle (IA), l’Internet des Objets (IoT) ou la blockchain, ces solutions permettent de surveiller et de réduire les émissions de gaz à effet de serre tout en optimisant l’efficacité opérationnelle.

Vous l’avez compris, la concrétisation de projets de décarbonation, à la fois sur le plan sociétal et économique, est indispensable. Au vu des derniers rapports scientifiques, l’action devient même urgente pour respecter la feuille de route de l’Accord de Paris. Il s’agit désormais d’accompagner les entreprises afin qu’elles se mettent en ordre de marche et réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre. En plus d’œuvrer en faveur d’une chaîne d’approvisionnement durable, cela leur promet également un formidable avantage concurrentiel et de compétitivité.

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