Comment les zones de libre-échange transforment les stratégies d'achat et les échanges internationaux ?

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17 juin 2025

À l’heure de la mondialisation, les accords de libre-échange se multiplient et s’étendent de plus en plus. En réduisant les barrières à la circulation des marchandises et des capitaux, les zones de libre-échange transforment en profondeur les stratégies d’achats et les flux commerciaux. Pour les entreprises, ces espaces apparaissent alors comme de formidables leviers stratégiques pour optimiser les chaînes d’approvisionnement mondiales.

Zone de libre-échange : définition et fonctionnement

La zone de libre-échange désigne un espace économique dans lequel des pays ont conclu un accord pour supprimer les barrières tarifaires (droits de douane) et non-tarifaires (formalités[1]) au commerce de biens et de services entre eux. Cela peut couvrir différents secteurs : industrie manufacturière, agriculture…

Cela se traduit notamment par :

  • Une diminution des droits de douane sur les importations et les exportations ;
  • Une réduction ou une suppression des quotas d’importation ;
  • Une simplification des procédures douanières…

La libre circulation des biens et des services constitue le fondement de ces accords commerciaux. En revanche, les pays déterminent leurs propres politiques commerciales vis-à-vis des pays qui ne sont pas membres. L’objectif est de faciliter le commerce et de renforcer l’intégration économique entre les pays membres.

Aujourd’hui, les accords dits « de nouvelle génération » mettent l’accent sur la diminution des entraves non-tarifaires. En plus de réduire les droits de douane sur les marchandises, ces accords comprennent également l’accès aux marchés publics, la protection de la propriété intellectuelle ainsi que l’harmonisation des législations. Enfin, certains traités intègrent des mécanismes pour régler les différends, en cas de conflits entre les parties.

D’autres modalités d’entente entre pays

Au-delà des zones de libre-échange, il existe bien d’autres types d’accords possibles entre les pays pour favoriser leur intégration économique. Il existe, par exemple, l’union douanière, le marché commun ou encore l’union économique.

L’union douanière

Outre la libre circulation des biens, l’union douanière implique d’appliquer un tarif douanier extérieur commun. L’intégration est donc plus forte que dans une zone de libre-échange.

Le marché commun

Le marché commun va encore plus loin en matière d’intégration économique. Aux critères précédents s’ajoute la mobilité des facteurs de production. Ici, les produits circulent librement, mais aussi les investissements et les travailleurs.

L’union économique

L’union économique désigne l’ultime forme d’intégration. Les pays membres vont jusqu’à coordonner leurs différentes politiques économiques et fiscales. De plus, une politique monétaire commune est instaurée. Cela peut donner lieu à une monnaie unique et commune.

Ainsi, les zones de libre-échange peuvent représenter un premier pas vers une intégration économique plus complète. Cela peut ensuite mener à une union douanière, un marché commun, voire une union économique et monétaire.

Les principales zones de libre-échange dans le monde

Le nombre de zones de libre-échange croît rapidement. Parmi celles existantes, certaines se distinguent de par leur importance et leur impact économique.

Le Partenariat économique régional global

À ce jour, le Partenariat économique régional global (RCEP) est le plus grand accord de libre-échange au monde.

Signé en 2020, il implique 15 pays asiatiques :

  • Les dix pays de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (l’Indonésie, la Malaisie, Singapour, la Thaïlande, les Philippines, le Brunei, le Vietnam, le Laos, la Birmanie et le Cambodge) ;
  • La Chine ;
  • Le Japon ;
  • La Corée du Sud ;
  • L’Australie ;
  • La Nouvelle-Zélande.

Cette zone économique contribue pour plus d’un tiers du PIB (Produit Intérieur Brut) mondial[2].

L’Accord de Libre-Échange Nord-Américain

Créé en 1994, l’Accord de Libre-Échange Nord-Américain (ALENA) constitue la zone de libre-échange la plus étendue dans le monde, car cela unit le Mexique, les États-Unis d’Amérique et le Canada. Ce traité commercial représente 26 % du PIB mondial1.

L’Union européenne

L’Union européenne, créée en 1993, est bien plus qu’une zone de libre-échange. Il s’agit d’un marché commun avec une union douanière. Toutefois, elle a mis en place de multiples accords de libre-échange avec d’autres pays et régions à travers le monde. L’Union européenne représente près de 18 % du PIB mondial1.

Le Marché commun du Sud

Fondé en 1991, le Marché commun du Sud (Mercosur ou Mercosul) pèse pour 3 % du PIB mondial1.

Cette zone de libre-échange regroupe plusieurs pays d’Amérique du Sud :

  • L’Argentine ;
  • Le Brésil ;
  • Le Paraguay ;
  • L’Uruguay ;
  • La Bolivie.

Le Venezuela a été suspendu en 2016, tandis que le Chili, la Colombie, l’Équateur, le Guyana, le Pérou et le Surinam figurent comme membres associés.

La Zone de libre-échange continentale africaine

La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) a vu le jour en 2018. Elle englobe 54 pays africains avec pour ambition de créer la plus grande zone de libre-échange au monde, quant au nombre de pays participants.

L’Association Européenne de Libre-Échange

Instituée en 1960, l’Association Européenne de Libre-Échange établit une zone de libre-échange entre plusieurs États européens non-membres de la Communauté économique européenne (CEE) :

  • La Norvège ;
  • La Suisse ;
  • L’Islande ;
  • Le Liechtenstein.

Le Partenariat transpacifique global et progressiste

Anciennement connu sous le nom d’Accord de libre-échange transpacifique (TPP), il a été renommé Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP) en 2018, suite au retrait des États-Unis.

Il regroupe 12 pays :

  • Le Canada ;
  • L’Australie ;
  • Brunei ;
  • Le Chili ;
  • Le Japon ;
  • La Malaisie ;
  • Le Mexique ;
  • La Nouvelle-Zélande ;
  • Le Pérou ;
  • Singapour ;
  • Le Vietnam.

Récemment, le Royaume-Uni est devenu le premier pays européen à rejoindre ce traité.

Les avantages des zones de libre-échange

Les zones de libre-échange fluidifient considérablement les chaînes d’approvisionnement au sein des pays membres. Cela offre de nombreux avantages aux entreprises, au service d’une meilleure compétitivité.

Réduire les coûts

Les accords de libre-échange réduisent, voire suppriment les droits de douane et autres barrières commerciales. Cela participe immanquablement à réduire les coûts d’importation et d’exportation des marchandises.

Simplifier les procédures

Ce type d’accord comprend souvent des dispositions permettant de simplifier et de rationaliser les procédures douanières. Cela prend la forme de documents électroniques ou encore de pré-dédouanement des marchandises. Autant d’éléments qui permettent aux entreprises de gagner du temps et réduire la charge administrative.

Harmoniser les réglementations

Enfin, ces accords commerciaux tendent à promouvoir la coopération réglementaire au sein des pays membres. Cela consiste notamment à harmoniser la réglementation et les normes, qu’elles soient sanitaires, sociales, techniques ou encore environnementales.

En prenant en compte ces accords commerciaux dans leurs stratégies d’approvisionnement, les entreprises peuvent ainsi obtenir un avantage concurrentiel. Cela leur permet de bénéficier de tarifs préférentiels, mais aussi d’optimiser et sécuriser toute la chaîne logistique.

Douglas Gill, responsable des ventes export du groupe Manutan, ajoute : « Dès lors, les entreprises ont tout intérêt à nouer des partenariats avec des fournisseurs clés, implantés localement dans ces zones stratégiques. Cette présence facilite l’alignement entre les spécificités locales et les standards du groupe. En plus de renforcer leur compétitivité, cela leur permet de mieux gérer les risques liés aux perturbations de la supply chain et aux tensions géopolitiques. »

Vous l’avez compris, les zones de libre-échange encouragent le commerce international, en abaissant les barrières à la circulation des marchandises et des capitaux. En cela, elles constituent une opportunité stratégique pour optimiser les achats en entreprise, tout en construisant une supply chain résiliente.

 

[1] Les formalités regroupent les procédures administratives non tarifaires (contrôles douaniers, certifications, etc.) qui peuvent freiner les échanges commerciaux.

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