Quels sont les enjeux de l’économie sociale et solidaire (ESS) pour la fonction achats ?

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30 janvier 2024
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Depuis plusieurs dizaines d’années, l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) connaît un véritable essor. Ce concept vient répondre aux défis économiques, sociaux, écologiques et démocratiques actuels. Ce modèle économique qui place l’humain et la solidarité au centre de son fonctionnement ouvre la voie aux achats socialement responsables au sein des organisations.

La définition de l’ESS

Tout d’abord, il faut savoir que le terme « Économie Sociale et Solidaire » (ESS) est particulièrement répandu dans les pays francophones, mais il existe des synonymes tels que « économie sociale » ou « entreprises sociales », qui sont davantage utilisés à l’échelle mondiale.

Par définition, l’ESS regroupe un ensemble d’organisations et d’entreprises dont l’activité a une utilité sociale et/ou solidaire :

· Créer des emplois pérennes ;

· Développer la cohésion sociale ;

· Répondre aux besoins socio-économiques des territoires (vieillissement de la population, accès à l’emploi ou au logement, chômage, etc.).

Parmi les différentes structures de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS), on retrouve tout type de statut : associations, fondations, mutuelles ou encore coopératives. Ces dernières partagent des principes fondamentaux : elles servent l’intérêt général, ont un mode de gouvernance démocratique et utilisent leurs bénéfices pour maintenir ou poursuivre le développement de leurs activités.

En ce sens, la Commission européenne définit l’entreprise sociale comme une : « entreprise dont le principal objectif est d’avoir une incidence sociale plutôt que de générer du profit pour ses propriétaires ou ses partenaires. Elle opère sur le marché en fournissant des biens et des services de façon entrepreneuriale et innovante et elle utilise ses excédents principalement à des fins sociales. Elle est soumise à une gestion responsable et transparente, notamment en associant ses employés, ses clients et les parties prenantes concernées par ses activités économiques[1] ».

À ce jour, l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) représente 10 % du PIB européen et plus de 11 millions de travailleurs, soit 4,5 % de la population active de l’Union européenne. Les entreprises de l’ESS se multiplient et c’est une bonne nouvelle au vu de leur résistance face à la crise. En effet, le secteur de l’ESS a enregistré une croissance de l’emploi de près de 23 % contre seulement 7 % pour l’économie traditionnelle sur la dernière décennie.

Comment intégrer l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) dans ses pratiques d’achat ?

Dans le cadre de leur stratégie d’achats responsables, les directions des achats veillent à réduire leur impact environnemental, mais aussi social. C’est alors qu’intégrer l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) dans leurs pratiques d’achat prend tout son sens. Elles ont plusieurs leviers à leur disposition dans le but de collaborer avec ce type de structures, allant de l’achat ponctuel au partenariat sur le long terme.

Mettre en œuvre des politiques d’allotissement

Pour faciliter l’accès des entreprises de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) aux appels d’offres publics et privés, les directions des achats peuvent décomposer les marchés en lots séparés. En effet, ces derniers peuvent être de trop grande ampleur pour permettre à ces entreprises, souvent des Très Petites Entreprises (TPE) ou des Petites et Moyennes Entreprises (PME), d’y répondre. Ce système de lots les rend ainsi davantage accessibles aux petites structures.

Intégrer des clauses sociales

Pour inciter les fournisseurs à développer des actions socialement responsables, les organisations peuvent intégrer des clauses spécifiques dans le cadre de leurs marchés. Cela peut être des critères de sélection ou bien des conditions d’exécution de marché.

Par exemple, le fournisseur sélectionné devra réserver un certain volume d’heures à des personnes en parcours d’insertion. Il pourra alors recruter ces personnes directement ou bien sous-traiter auprès d’entreprises spécialisées dans ce domaine.

Acheter directement des biens et/ou services auprès de l’ESS

Pour favoriser les achats socialement responsables, les directions des achats peuvent également acheter des marchandises et/ou des prestations aux entreprises issues de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS). Pour expérimenter la relation avec ces fournisseurs et ces prestataires, les organisations commencent souvent par un marché « test » avec des montants peu élevés et/ou des territoires restreints. À long terme, cela peut aboutir à un véritable partenariat.

Les enjeux de la fonction achats autour de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS)

Toutefois, il ne suffit pas d’activer les bons leviers achats pour que cela fonctionne. Pour garantir le succès d’une telle démarche, les directions des achats doivent également maîtriser tous les enjeux qui en découlent.

Mobiliser les parties prenantes

Favoriser l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) est assurément une aventure humaine. Le premier enjeu est de s’entourer des expertises disponibles sur le territoire. Pour rencontrer les acteurs de l’ESS, les acheteurs peuvent s’appuyer sur des tiers (facilitateurs, clubs, réseaux…) ou même des plateformes spécialisées. Outre le fait de sonder le marché, la fonction achats se doit aussi de sensibiliser les salariés à cette démarche. Pour qu’un projet soit porté collectivement, il faut en expliquer les raisons et les avantages.

Structurer la mise en œuvre

Pour que la démarche soit véritablement opérationnelle, il faut mettre en place les ressources nécessaires. Il convient, par exemple, de nommer un référent en charge du pilotage de la politique d’achats responsables, ou même des clauses sociales d’insertion. Les directions des achats peuvent également décider de former leurs équipes afin de les aider à mieux comprendre le fonctionnement des acteurs de l’ESS, mais aussi à repenser leur cartographie d’achats au regard de critères sociaux et sociétaux.

Évaluer l’impact des achats socialement responsables

Pour connaître et valoriser les externalités positives créées sur le territoire, il est capital d’évaluer les impacts de ces démarches. Pour cela, les entreprises peuvent suivre le nombre d’heures d’insertion professionnelle financées, par exemple. Cette data vient ensuite nourrir le plan de communication, le rapport RSE ou encore le reporting extra-financier de l’organisation.

Diversifier le champ d’application

Comme évoqué précédemment, les acheteurs démarrent souvent leur démarche sur des marchés « tests ». Une fois que l’initiative arrive à maturité, il est alors possible de la déployer sur d’autres segments d’achats : bâtiments et travaux publics, restauration, propreté, installation et maintenance informatique, services administratifs…

En collaborant de près avec les acteurs de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS), les directions des achats favorisent l’innovation sociale, la création d’emplois, la lutte contre la pauvreté et la transition écologique. Elles accompagnent leurs organisations sur le chemin d’une économie durable, humaine et positive, contribuant ainsi à la stratégie de Responsabilité Sociétale d’Entreprise (RSE).

[1] Commission européenne, Communication de la commission au parlement européen, au conseil, au comite économique et social européen et au comité des régions, 2011/p>

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