Aujourd’hui, les entreprises ont conscience que leurs décisions d’achats affectent bien plus que leur activité. Les critères d’achats, le choix des fournisseurs, l’origine des produits… Tout cela a des impacts sur l’économie, l’environnement, mais aussi la société. C’est dans ce contexte que la notion d’achats responsables s’est largement développée ces dernières années. La norme internationale ISO 20400 relative aux achats responsables donne aux organisations des lignes directrices pour initier cette démarche.
Aux origines de la norme ISO 20400
Toute organisation a un impact environnemental, social et économique. Les achats représentent un formidable levier pour influer sur ces domaines, que ce soit sur la performance, les relations avec les parties prenantes, le bien-être des collaborateurs, la réputation… Vous l’avez compris, toute entreprise peut ainsi contribuer au développement durable, au sens large tel que défini dans les objectifs fixés par les Nations Unies, en développant une démarche d’achats responsables.
Jusqu’alors, il n’existait aucune règle commune en la matière. Chaque structure avait sa propre façon de construire sa politique d’achats responsables, avec ses propres objectifs, etc. C’est pour accompagner les organisations dans cette démarche que l’Organisation internationale de normalisation (ISO) a publié la norme ISO 20400 en 2017. Aujourd’hui, cette norme internationale relative aux achats responsables, aussi connue sous le nom de « Norme Achats Responsables », est devenue une référence.
Il faut savoir que la norme ISO 26000 relative à la responsabilité sociétale, qui a été publiée en 2010, a servi de base à son homologue centré sur les achats responsables. Toutes deux sont fondées sur les mêmes principes et questions centrales en matière de gouvernance, de droits humains, de relations et conditions de travail, de responsabilité environnementale, de loyauté des pratiques, de consommateurs, de communautés et de développement local.
Norme ISO 20400 : définition et objectifs
La norme ISO 20400 relative aux achats responsables vise à donner aux organisations, privées comme publiques, de toute taille, toute localisation et tout secteur d’activité, des lignes directrices pour intégrer la responsabilité sociétale dans leurs processus achats.
Cette norme fait l’objet d’un engagement volontaire de la part des organisations. Il s’agit d’une norme de recommandation, qui n’est pas destinée à des fins de certification.
Elle s’adresse aux directeurs et responsables achats qui veulent améliorer leur démarche d’achats responsables, en tirant parti de l’expertise et des meilleures pratiques à travers le monde. Elle permet aux organisations d’harmoniser les processus d’achats responsables en instaurant des principes généraux, suffisamment clairs et polyvalents, qui s’adaptent à tous les domaines d’activité.
À travers cette norme, l’idée n’est plus de sélectionner un produit ou un service en fonction de son prix, mais en prenant compte son coût du cycle de vie. Les entreprises sont alors en mesure de faire des choix éclairés, en s’orientant vers des produits qui constituent une meilleure alternative en matière de rentabilité et d’impact environnemental sur le long terme, même si le prix facial est plus élevé.
Qu’est-ce qu’on retrouve dans la norme ISO 20400 ?
Dès l’introduction, le texte officiel explique la raison d’être, les principaux enjeux et le cadre méthodologique de cette démarche. À ce titre, il est important de rappeler que « les achats responsables représentent une opportunité d’apporter une valeur ajoutée à l’organisation en améliorant sa productivité, en évaluant sa valeur et ses performances, en facilitant la communication entre les acheteurs, les fournisseurs et toutes les parties prenantes, tout en encourageant l’innovation. »
Par la suite, le document est structuré en sept grandes sections :
- Le domaine d’application ;
- Les références normatives ;
- Les termes et définitions (économie circulaire, diligence raisonnable, comportement éthique, approche cycle de vie, etc.) ;
- Comprendre les fondamentaux des achats responsables : concept, principes, questions centrales, facteurs déterminants et principaux points d’attention ;
- Intégrer la responsabilité sociétale dans la politique et la stratégie achats de l’organisation : comment aligner les achats sur les objectifs de l’entreprise, comprendre les pratiques et les chaînes d’approvisionnement, gérer la mise en œuvre, etc. ;
- Structurer la fonction achats axée sur la responsabilité sociétale : gouvernance des achats, accompagnement et mobilisation des parties prenantes impliquées, définition des priorités, mesure et amélioration des performances, etc. ;
- Intégrer la responsabilité sociétale dans le processus achats : planification, intégration des spécifications de responsabilité sociétale dans les cahiers des charges, sélection des fournisseurs, gestion des contrats, etc.
Comment initier la norme ISO 20400 ?
Avant de mettre en œuvre l’ISO 20400, chaque organisation peut préparer le terrain en quatre grandes étapes.
Déterminer sa philosophie d’achat
Avant toute chose, il s’agit d’avoir une vision claire de sa stratégie d’achat au global. Il faut faire le point sur ses besoins, ses risques fournisseurs, ses exigences vis-à-vis des fournisseurs… C’est le point de départ qui permettra d’intégrer une dimension RSE[1].
Connaître sa supply chain
La chaîne d’approvisionnement joue un rôle décisif dans le déploiement de sa politique d’achats responsables. À nouveau, il est important d’avoir une connaissance approfondie de toute sa supply chain, comprenant les dépenses et les impacts RSE des différents fournisseurs.
Penser stratégique
À partir d’un tel état des lieux, il convient de prioriser ses actions. En étudiant les risques et les opportunités à leur disposition, les entreprises peuvent commencer à travailler en collaboration avec leurs fournisseurs stratégiques sur des sujets de fond.
S’assurer du soutien de sa direction
Pour mener à bien cette démarche, il est indispensable de bénéficier du soutien de la direction générale au sein de l’entreprise. Chacun de ses membres doit avoir conscience des avantages, des opportunités et des conséquences qui sont associés.
En intégrant les principes de la RSE dans leurs processus d’achat, les entreprises peuvent non seulement améliorer leur performance environnementale et sociale, mais aussi renforcer leur compétitivité et leur résilience à long terme. En ce sens, la norme ISO 20400 offre une feuille de route claire pour naviguer dans le paysage complexe des achats responsables.
[1] Responsabilité sociétale des entreprises