Quelles sont les limites de l'économie circulaire en entreprise et comment les dépasser ?

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12 mars 2024
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L’économie circulaire suscite un intérêt croissant de la part des gouvernements, des particuliers ainsi que des organisations. Ce modèle économique séduit de par sa capacité à concilier les enjeux environnementaux et économiques de notre temps. En effet, il permet de préserver les ressources, réduire l’impact environnemental, réaliser des économies intelligentes et renforcer la compétitivité des territoires. Toutefois, cela représente un changement profond de paradigme pour tous ces acteurs. C’est pourquoi il convient de s’interroger : l’économie circulaire peut-elle entièrement remplacer le système linéaire actuel fondé sur le schéma « extraire – produire – consommer – jeter » ? Quelles sont les limites auxquelles sont confrontées les entreprises ? Comment les dépasser ? Geoffrey Richard, Directeur de l’Économie Circulaire chez Schneider Electric, apporte son éclairage sur ces questions.

Le Parlement européen définit l’économie circulaire comme « un modèle de production et de consommation qui consiste à partager, réutiliser, réparer, rénover et recycler les produits et les matériaux existants le plus longtemps possible afin qu’ils conservent leur valeur. De cette façon, le cycle de vie des produits est étendu afin de réduire l’utilisation de matières premières et la production de déchets. »

Quelles sont les limites de l’économie circulaire en entreprise ?

« Les limites auxquelles fait face l’économie circulaire sont intrinsèques à tout changement organisationnel et/ou structurel en entreprise. Il s’agit des freins humains, financiers et techniques. S’ils ne sont pas correctement abordés, ils peuvent venir ralentir ou questionner la transition circulaire opérée par les acteurs économiques. » explique Geoffrey Richard.

Les limites humaines

Le tout premier obstacle auquel peut être confrontée une entreprise qui veut implémenter l’économie circulaire est le manque d’adhésion des collaborateurs. Par définition, tout changement implique de passer par une phase de « deuil ». Cela déclenche souvent des émotions au sein des équipes, telles que la peur, la colère ou la tristesse, qui peuvent se transformer en résistance.

Ces freins concernent d’ailleurs autant les opérationnels que le management. C’est pourquoi il est indispensable que chacun comprenne bien les enjeux de l’économie circulaire, s’approprie la vision de l’entreprise et contribue aux objectifs collectifs.

Les limites financières

Dans un second temps vient la question des freins financiers. Il faut savoir que les modèles linéaires sont particulièrement rentables puisqu’ils ne prennent pas en compte les externalités négatives de leurs activités économiques. Ce n’est pas le cas des modèles circulaires. C’est pourquoi, dans le cadre d’une activité traditionnelle, ils peuvent apparaître comme un centre de coût à première vue.

Il est important de rappeler aux parties prenantes qu’il s’agit d’une activité relutive sur le long terme. En effet, le fait d’initier une démarche circulaire peut contribuer à se différencier, drainer des parts de marché ou encore valoriser la capitalisation boursière. Il faut alors accepter d’investir sans avoir de rentabilité immédiate, mais en se projetant vers l’avenir.

Les limites techniques

Parmi les principales limites de l’économie circulaire se trouve également la technique. L’économie linéaire est profondément ancrée dans notre société industrielle. C’est pourquoi il peut être complexe pour certaines entreprises de réorganiser leurs flux. De plus, certains procédés doivent encore être perfectionnés. L’exemple du recyclage est particulièrement parlant. En effet, tous les déchets ne peuvent pas être recyclés, toutes les matières ne peuvent pas être sauvées et les filières de recyclage ne sont pas totalement sans impact pour l’environnement.

Il existe enfin un véritable problème de data. Le suivi des données, notamment celles relatives aux impacts environnementaux (émissions de gaz à effet de serre, consommation d’énergie et de matières premières, réduction des déchets…), est très complexe. Pourtant, ces informations sont capitales pour légitimer la démarche. Demain, elles le seront tout autant pour se mettre en conformité avec les réglementations croissantes.

Comment relever les défis de l’économie circulaire ?

Heureusement, il existe différentes stratégies pour contourner les limites de l’économie circulaire, quelle que soit leur nature. Certaines bonnes pratiques sont indispensables, comme la conduite du changement ou la mise en place de partenariats, tandis que d’autres dépendent davantage de la démarche engagée.

Conduire le changement

Les limites humaines de l’économie circulaire doivent être adressées à travers une solide conduite du changement. Cela passe par la sensibilisation, l’information et la formation des équipes. Ensuite, l’idée est de faire monter en compétences l’ensemble des collaborateurs, voire de former des experts qui joueront le rôle de relais d’information. Enfin, il s’agit de mobiliser tout un chacun à s’engager dans cette voie.

La rémunération variable, un levier de mobilisation
« Chez Schneider Electric, la performance du SSI (Schneider Sustainability Impact) est prise en considération dans le calcul de la rémunération variable annuelle de plus de 64 000 collaborateurs du Groupe, y compris le Président-Directeur général. Concrètement, cela signifie que leur variable est indexée sur l’atteinte de nos objectifs en matière de développement durable. C’est une manière de garantir une exécution solide des priorités stratégiques et une réelle mobilisation de nos collaborateurs. » rappelle Geoffrey Richard.

Nouer des partenariats

Pour faire de l’économie circulaire une réalité, les entreprises ont besoin d’une pluralité de compétences et d’expertises. Le plus souvent, il est impossible d’internaliser entièrement un projet d’économie circulaire. C’est pourquoi il convient de s’appuyer sur des organisations connexes qui apporteront leur valeur ajoutée.

Communiquer en externe

Quand une entreprise lance de nouveaux produits ou services circulaires, il lui faut communiquer largement sur le sujet en externe. C’est ainsi qu’elle génère de la demande et qu’elle peut mettre en place ses premiers « projets vitrines ». C’est ce qui induit, par la suite, de nouveaux contrats auprès d’autres entreprises, le temps de gagner en efficience économique.

Fonctionner en mode « incubateur »

Lorsqu’une activité circulaire risque d’impacter le business, il est également possible d’isoler ce projet dans un environnement spécifique type « incubateur ». Cela permet d’itérer rapidement, avec toutes les ressources nécessaires. C’est en avançant en toute autonomie qu’un tel projet peut ensuite se structurer plus largement, à l’aide de processus.

En somme, les défis de l’économie circulaire ne sont pas insurmontables. Il existe des stratégies ciblées pour les dépasser et ainsi implémenter durablement l’économie circulaire dans l’écosystème de son entreprise. Il appartient désormais à chaque décideur de sauter le pas, au service de l’écologie. D’autant que l’économie circulaire reste un formidable levier pour renforcer la durabilité des entreprises, tant sur le plan environnemental qu’économique, et contribuer ainsi à leur croissance sur le long terme.

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