L’importance stratégique d’une politique d’achats responsables n’est plus à démontrer. La question des achats responsables engage l’ensemble de l’entreprise, dont la réputation et la capacité à rester dans la course sont clairement en jeu.
Or, qui dit achats responsables dit capacité à évaluer la politique réellement menée par les achats dans ce domaine. Pendant longtemps, la difficulté à disposer d’indicateurs à portée universelle et à dimension pratique a freiné l’application d’une politique d’achats responsables 100 % crédible.
Un récent article de Décision-Achats.fr fait le point sur le lent cheminement vers une mesure opérationnelle des achats responsables. Il nous apprend que seulement 27 % des entreprises déclaraient, il y a un an, disposer d’un système de mesure de la performance de leurs achats responsables [1]. La possibilité de s’appuyer sur une série d’indicateurs définis par l’Observatoire des Achats Responsables (ObsAR) change la donne…
L’article éclaire la réflexion des acheteurs engagés dans les achats responsables en proposant des réponses simples à deux questions fondamentales :
- Quel est l’intérêt de mesurer les effets d’une politique d’achats responsables ?
- Quels sont les outils et méthodologies disponibles pour effectuer cette mesure ?
Pourquoi mesurer l’impact d’une politique d’achats responsables ?
La mesure d’indicateurs précis en fonction d’objectifs définis en amont est la seule façon rigoureuse d’évaluer l’effet réel d’une politique d’entreprise. Nathalie Paillon, Directrice des Opérations et des Études de l’Observatoire des Achats Responsables, énonce ce principe d’une formule limpide : « ce qui ne se mesure pas n’existe pas » !
Mesurer l’impact de sa politique d’achats responsables présente trois bénéfices :
- Conduire des actions d’amélioration ciblées sur la base d’un historique documenté
- Stimuler les acteurs à tous les niveaux de la chaîne de valeur (fournisseurs, équipe achats, clients internes …)
- Mettre en valeur et en résultats chiffrés la politique d’achats responsables, au sein de l’organisation mais aussi en faveur de la réputation de l’entreprise
À l’inverse, des indicateurs non pertinents, non partagés ou carrément absents limitent la portée de la politique d’achats responsables. Même considéré avec bienveillance, sans mesure objective et à échelle convenable, l’engagement court le risque de voir son impact contesté et son image brouillée. Difficile dans ce contexte de solliciter des efforts de la part des contributeurs, internes comme externes, au-delà des gestes de bon sens.
La norme ISO 20400, dédiée depuis 2017 aux achats responsables, prescrit sans plus de précision de « définir les éléments de mesure et les indicateurs » et « d’effectuer des évaluations comparatives ».
Comment mesurer l’impact d’une politique d’achats responsables ?
L’Observatoire des Achats Responsables est un groupe de réflexion composé d’acheteurs émanant des sphères privées et publiques. L’ObsAR a piloté au sein de l’AFNOR [2] l’élaboration de la norme française « achats responsables », puis son prolongement international dans le cadre de la norme ISO 20400.
Pour transformer les grandes orientations de la norme ISO 20400 en pratiques objectivement mesurables, l’ObsAR s’est attaché à définir une méthodologie opérationnelle qui évalue dans la durée la performance d’une politique d’achats responsables. L’exigence portée par la norme de « définir les éléments de mesure et les indicateurs » trouve ainsi enfin une réponse concrète et issue de la fonction achats.
Un guide a été publié par le groupe de travail, assorti de fiches détaillant chaque indicateur.
Les 14 indicateurs d’achats responsables définis par l’Observatoire des Achats Responsables associent des indicateurs d’efforts et des indicateurs de résultats :
- Gestion des fournisseurs
- Délai moyen des règlements
- Nombre de litiges en cours
- Pourcentage de fournisseurs ayant fait l'objet d'un audit RSE
- Pourcentage de fournisseurs avec lesquels des plans d'action RSE ont été mis en place
- Pourcentage de fournisseurs dépendants économiquement faisant l'objet d'un plan d'accompagnement
- Pilotage des achats
- Pourcentage de consultations intégrant des spécifications RSE
- Pourcentage de consultations intégrant un critère de coût global
- Pourcentage d’achats réalisés auprès de PME
- Pourcentage d’achats réalisés auprès du secteur adapté et protégé et/ou d'insertion
- Pourcentage d’achats pour lesquels un critère environnemental, social et/ou sociétal est exigé
- Pourcentage d’achats réalisés avec des fournisseurs installés sur un territoire particulier
- Management d’équipe
- Pourcentage d’acheteurs objectivés sur leur démarche achats responsables
- Pourcentage d’acheteurs formés ou sensibilisés aux achats responsables
- Pourcentage d’achats réalisés hors processus achats
En conclusion, le guide édité par l’Observatoire des Achats Responsables invite les entreprises à s’engager dans la mesure… avec mesure ! La recommandation est de choisir parmi la liste des 14 indicateurs ceux qui paraissent les plus appropriés relativement au contexte et aux pratiques de l’organisation. Quatre ou cinq indicateurs peuvent suffire en année 1. Au passage, la mesure requiert une technologie de collecte et d’analyse des résultats d’autant plus gourmande en ressource que l’organisation est étendue et le volume d’achats élevé.
Avant de vous engager dans une stratégie d’achats responsables, lisez l’article « Mesurer les achats responsables ».
[1] Baromètre ISO20400
[2] Association Française de Normalisation
