Le GHG Protocol au cœur de la stratégie de décarbonation des entreprises

3 avril 2025

Face au changement climatique, nombreuses sont les entreprises qui s’engagent progressivement dans la réduction de leur empreinte carbone. Dans cette dynamique, le GHG Protocol (Greenhouse Gas Protocol) se présente comme un outil incontournable pour les aider à mesurer, suivre et réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Cela s’applique également à la fonction achats, qui a un rôle majeur à jouer dans la décarbonation de la chaîne d’approvisionnement.

Qu’est-ce que le GHG Protocol ?

Le Protocole des gaz à effet de serre, ou Procotole GES, propose un cadre international pour mesurer les émissions de gaz à effet de serre et se fixer des objectifs de réduction. Cela inclut toute une série de standards et d’outils, continuellement mis à jour, pour déterminer les émissions de gaz à effet de serre provenant des opérations des secteurs privé et public, ainsi que de leurs chaînes de valeur. L’ensemble de ces normes tiennent compte des six gaz à effet de serre couverts par le Protocole de Kyoto.

Les six GES
  • Le dioxyde de carbone (CO2)
  • Le méthane (CH4)
  • Les hydrofluorocarbures (HFC) 
  • Le protoxyde d’azote ou oxyde nitreux (N2O)
  • Les perfluorocarbures (PFC)
  • L’hexafluorure de soufre (SF6)

Le GHG Protocol a été développé à la fin des années 1990 par le World Resources Institute (WRI) et le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD). Par la suite, la norme internationale ISO 14064, relative à la quantification des émissions de gaz à effet de serre et à leur déclaration, a vu le jour, en s’appuyant sur ce protocole international.

À ce jour, le GHG Protocol est le référentiel de comptabilité carbone le plus connu à l’échelle mondiale. En 2016, 92 % des entreprises issues du classement « Fortune 500 » avaient directement ou indirectement utilisé cet outil pour publier leur bilan carbone via le CDP (Carbon Disclosure Project)[1].

Au sein des entreprises, deux référentiels élaborés par le GHG Protocol sont majoritairement employés. Il s’agit du « Corporate Standard », qui fournit des exigences et des conseils aux organisations qui prévoient de réaliser un inventaire des émissions de gaz à effet de serre. Le second, le « Corporate Value Chain Standard », les aide à évaluer l’impact de toute leur chaîne de valeur (émissions du scope 3) et à savoir où concentrer leurs actions de réduction des émissions de GES.

Les trois scopes d’émissions de GES
Le Protocole GHG a institué trois champs d’application, aussi appelés « scopes », pour réaliser un bilan carbone en entreprise :
  • Le scope 1 désigne toutes les émissions directes qui proviennent de sources détenues ou contrôlées par l’entreprise, comme les installations et les véhicules.
  • Le scope 2 porte sur les émissions indirectes liées à la consommation de chaleur, d’électricité ou de froid par l’entreprise.
  • Le scope 3 concerne les autres émissions indirectes provenant des activités de l’entreprise, mais qui sont hors de son périmètre opérationnel, telles que les émissions liées aux achats de biens et services.

Les 5 principes du GHG Protocol Corporate Standard

D’après le GHG Protocol, toute méthode de comptabilisation et de déclaration des gaz à effet de serre en entreprise doit être fondée sur cinq grands principes.

La pertinence

Cela consiste à définir les périmètres qui reflètent véritablement les émissions de GES des organisations. Cela dépend des caractéristiques de l’entreprise, de l’objectif de la démarche et des besoins des utilisateurs.

L’exhaustivité

Cela implique de prendre en compte toutes les activités et toutes les sources d’émissions de GES au sein des périmètres organisationnels et opérationnels qui auront été choisis. Il est important d’indiquer toute omission et de la justifier.

La permanence

L’idée est de pouvoir comparer l’évolution des émissions de gaz à effet de serre dans le temps. Ainsi, tout changement méthodologique doit être indiqué pour garantir la validité des comparaisons.

La transparence

Il est important de garantir la fiabilité de l’information déclarée. Pour cela, il convient de traiter tout sujet de façon factuelle, cohérente et étayée d’un suivi de vérification. Les options fondamentales ainsi que les méthodes de calcul des émissions utilisées doivent également être partagées.

L’exactitude

Enfin, il s’agit de s’assurer que la mesure des émissions de gaz à effet de serre soit suffisamment précise selon l’usage auquel elle est destinée afin de garantir l’intégrité de l’information publique dans ce domaine.

Les objectifs du GHG Protocol

Le GHG Protocol est un outil essentiel pour toute organisation qui cherche à mesurer et à gérer les émissions de gaz à effet de serre (GES) issues de ses activités de façon efficace.

Une démarche simplifiée

Les entreprises pourront réduire le temps et les dépenses nécessaires à l’élaboration de systèmes de comptabilisation et de déclaration des émissions de gaz à effet de serre grâce aux référentiels et autres ressources (guides, outils et formations) fournis par le GHG Protocol. Cela permet également aux collaborateurs de se former à ces sujets, d’appréhender les enjeux liés à leurs missions et, ainsi, de prendre des décisions éclairées.

Des informations stratégiques

Les entreprises doivent comptabiliser les émissions de gaz à effet de serre avec précision pour élaborer de solides stratégies de réduction et engager les bons leviers. Cela leur permet également de participer aux marchés d’échange des droits d’émission.

Une norme commune

Enfin, les entreprises ont tout intérêt à réaliser leurs inventaires de gaz à effet de serre en conformité avec les exigences et les normes actuelles, mais aussi à venir. À ce jour, le GHG Protocol est compatible avec la plupart des exigences de reporting, qu’elles soient volontaires ou obligatoires. En s’appuyant sur un standard aussi reconnu que le GHG Protocol, cela favorise la comparabilité, la crédibilité, mais aussi l’utilité des informations.

En définitive, c’est une formidable façon pour les entreprises de renforcer leur transparence, de réduire leurs risques et d’obtenir un avantage concurrentiel vis-à-vis des attentes de leurs parties prenantes en matière de développement durable.

Le GHG Protocol s’avère un outil indispensable pour les entreprises qui souhaitent s’inscrire dans une trajectoire net zéro, à la fois crédible et opérationnelle. Grâce à une meilleure compréhension et gestion des émissions de gaz à effet de serre, elles peuvent concrètement agir en faveur de la décarbonation de leurs activités, mais aussi de toute leur chaîne de valeur. Dans cette dynamique, la fonction achats a d’ailleurs un rôle clé à jouer pour engager les fournisseurs partenaires dans la transition écologique. Et pour cause ! N’oublions pas que les chaînes d’approvisionnement représentent environ 60 % des émissions mondiales et 80 % de l’empreinte carbone d’une entreprise moyenne[2]. Cela nous rappelle que la lutte contre le dérèglement climatique reste collective.

 

[1] Greenhouse Gas Protocol, About Us

[2] EcoVadis, Carbon Action Report 2023

 
 
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