Management de la supply chain : 5 stratégies clés pour optimiser vos achats en période de tension

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16 avril 2024
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Les dernières années ont été marquées par une série de crises mondiales : écologique bien sûr, puis sanitaire, économique et géopolitique. La période de sidération qui les a accompagnées a conduit la fonction achats à parer au plus pressé, avec pour priorité la poursuite de l’activité. Alors que la plupart de ces crises s’éternisent, la fonction achats doit revenir à ses fondamentaux, pour protéger la rentabilité actuelle des entreprises tout en préservant leur potentiel de croissance futur. Pour cela, il lui faut revoir ses stratégies en matière de management de la supply chain dans le but de garantir la pérennité de ses activités sur le long terme.

Le management de la supply chain à l’heure des tensions

Par définition, le supply chain management (SCM) désigne l’ensemble des ressources, des moyens et des outils mobilisés pour piloter la chaîne d’approvisionnement de la façon la plus optimale possible. Tout l’enjeu est d’optimiser les opérations, du sourcing des matières premières jusqu’à la livraison des produits finis au client final dans un délai raisonnable, en passant par la gestion des stocks et de la chaîne logistique, sans oublier le transport des marchandises. Cela implique de coordonner et d’intégrer l’ensemble des flux de produits, des flux d’informations et des flux financiers au sein de chaque structure, mais aussi entre elles.

Les récentes périodes de tension ont mis en lumière la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement mondiales. Du côté des entreprises, cela a remis le sujet du management de la supply chain au cœur de leurs priorités. C’est à travers une solide gestion de la chaîne d’approvisionnement qu’elles espèrent gagner en agilité et en résilience aujourd’hui afin de s’assurer un avantage concurrentiel non négligeable.

Stratégie de management de la supply chain n° 1 : traquer les dérives de coûts

L’entreprise est confrontée à une pression inédite avec une visibilité souvent très réduite quant aux coûts et aux disponibilités des matières premières. C’est pourquoi elle doit d’autant plus préserver la disponibilité de son cash et sa capacité à mobiliser des ressources très rapidement afin d’être en mesure d’anticiper les besoins.

Dans ce contexte porteur de fragilités comme d’opportunités, il revient en particulier à la fonction achats de sécuriser le budget en redoublant de vigilance par rapport aux coûts cachés, aussi appelés coûts indirects. Achats sauvages, processus trop complexes et/ou obsolètes ou encore logistique de crise avec des livraisons en urgence : les écueils sont nombreux et potentiellement très dangereux. Ainsi, la fonction achats doit se mobiliser en équipe pour renforcer les contrôles et les précautions, tout en optimisant les processus existants, dans une logique de maîtrise des coûts totaux d’acquisition (TCO).

Stratégie de management de la supply chain n° 2 : conserver le principe du prix juste

Face aux tensions d’approvisionnement, de nombreux changements impactent le fonctionnement habituel de la fonction achats, notamment en ce qui concerne les partenariats fournisseurs ou le choix des produits. Certaines entreprises substituent leurs fournisseurs historiques pour certaines typologies d’achats, d’autres référencent de nouveaux types de produits en réponse à l’évolution du modèle économique de l’entreprise ou encore adaptent leur organisation aux nouveaux modes de travail (télétravail, flex office…).

Pour autant, aucune urgence, aucune innovation ne saurait justifier de ne pas challenger un prix d’achat, des délais de paiement ou des conditions logistiques. Appliquer à la lettre les bonnes pratiques du référencement en conversant le principe du prix juste est un réflexe salutaire et, en réalité, une exigence stratégique en période de tension.  

Stratégie de management de la supply chain n° 3 : inventorier les clauses de force majeure

Les perturbations de la supply chain et la volatilité des conditions de marché requièrent une souplesse maximale du côté de la fonction achats. Dans le cas de contrats d’approvisionnement au long cours, des clauses prévoyant des conditions de modulation des quantités en fonction d’un contexte particulier peuvent exister. C’est pourquoi le troisième réflexe de la fonction achats en période de tension est de passer les contrats en revue pour identifier les gisements d’opportunités entre la commande initiale et les quantités réellement livrées.

Bien sûr, cette démarche ne doit jamais se faire au détriment des rapports avec ses partenaires. Préserver la relation avec les fournisseurs les plus stratégiques est, sans l’ombre d’un doute, une ressource anticrise. Toutefois, cela n’empêche nullement la fonction achats d’appliquer à la lettre les clauses librement négociées quand elles sont favorables à son entreprise.

Stratégie de management de la supply chain n° 4 : renforcer la cybersécurité

L’essor du télétravail, la croissance des activités en ligne et les réorganisations dictées par l’urgence de certaines situations peuvent avoir fragilisé les protocoles de validation et de prise de décision. Cela a conduit à une recrudescence des actes de cybermalveillance, tout au long de la supply chain. Dans une récente étude, le cabinet de conseil PwC alerte sur ce phénomène : 90 % des directions des achats se disent être préoccupés par les cybermenaces et 27 % d’entre elles ont déjà été victimes d’une intrusion[1].

C’est pourquoi les directions achats doivent impérativement sensibiliser l’ensemble des acteurs de l’équipe aux enjeux de la cybersécurité et aux politiques internes de sécurité informatique. En effet, les données contractuelles et les informations stratégiques concernant l’écosystème de fournisseurs constituent un élément de différenciation et un facteur d’innovation pour l’entreprise. Ce sont donc autant de données sensibles qui peuvent être convoitées par des acteurs mal intentionnés.

Stratégie de management de la supply chain n° 5 : maintenir les efforts de transformation digitale

La plupart des organisations sont engagées dans un programme de transformation digitale, reconnue comme un formidable levier de performance pour la fonction achats. Même si de nombreuses priorités s’ajoutent aux missions traditionnelles des directions des achats, il est important de maintenir l’effort de digitalisation des processus et d’actualisation des outils digitaux mis à la disposition des acteurs.

En effet, la digitalisation de la fonction achats conserve tout son sens, et tout particulièrement lorsqu’il y a des tensions sur la supply chain. Cela permet, tout d’abord, de répondre aux enjeux d’aujourd’hui, comme gagner du temps dans l’examen des clauses des contrats ou encore sécuriser le travail à distance. Mais cela est aussi un moyen de préparer l’avenir en intégrant des innovations dans les processus d’approvisionnement.

En conclusion, la mise en œuvre rigoureuse de ces différentes stratégies s’avère indispensable pour garantir la résilience des entreprises et optimiser les conditions du rebond, à l’heure où la supply chain est encore et toujours sous tension. Les enjeux historiques de la fonction achats subsistent, tels que la maîtrise des coûts et le contrôle des contrats, mais il convient désormais de prioriser d’autres aspects, avec, en tête de liste, la digitalisation, la cybersécurité et les relations fournisseurs « gagnant-gagnant ». Ces stratégies permettront non seulement de naviguer à travers les défis immédiats, mais également de préparer le terrain pour une croissance sur le long terme.

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