La Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) est un sujet brûlant pour la fonction achat, et ce depuis quelques années. Pour contribuer à la performance RSE, la chaîne d’approvisionnement représente un des principaux leviers d’action des décideurs achats. C’est aussi l’idée que défend Martin Berr-Sorokin, fondateur et PDG d’Integrity Next, société ayant pour vocation de contrôler les fournisseurs en matière de durabilité et de conformité. Dans son interview à l’occasion du « Big Ideas Summit », il partage son point de vue et ses bonnes pratiques.
Un impératif : surveiller toute la chaîne d’approvisionnement
Parce que cela représente un travail conséquent et chronophage, la fonction achat évalue généralement la performance RSE d’un petit nombre de fournisseurs. Le plus souvent, ce sont les fournisseurs les plus stratégiques, ou ceux qui représentent d’importants volumes, sur lesquels se concentrent les décideurs.
Martin Berr-Sorokin est sans équivoque : « Ainsi, un service achat se focalise sur 80 % de ses dépenses, ce qui représente peut-être 5 % de ses fournisseurs, et intervient à cette échelle. Mais ce n'est pas suffisant, n'est-ce pas ? 95% de votre base fournisseurs est hors de votre champ de vision, alors qu'il serait nécessaire d'en surveiller l'ensemble. »
À ce titre, il est important de rappeler que les chaînes d’approvisionnement sont très complexes et pas toujours transparentes. L’atteinte à la réputation d’une entreprise peut prendre de multiples formes : scandales sanitaires, corruption, dommages environnementaux, non-respect des droits de l’Homme et du travail, violation de confidentialité des données, non-qualité, listes noires et sanctions, etc.
Et surtout, lorsqu’un scandale éclate, rappelez-vous que les médias et l’opinion publique ne cherchent pas à savoir s’il s’agit d’un fournisseur de rang 1, 2 ou 3 pour l’entreprise mise en cause.
La technologie, en soutien aux audits
Parce que la fonction achat n’a pas les ressources pour évaluer l’entièreté de sa base fournisseurs de façon régulière et selon les méthodes dites traditionnelles, il convient de s’appuyer sur la technologie.
Martin Berr-Sorokin ajoute : « Vous ne pouvez pas effectuer vos audits sur site manuellement trois fois par an pour des milliers de fournisseurs. Ce n'est pas possible et personne n'est prêt à payer pour cela. Il faut donc utiliser une approche technologique et, si elle révèle des éléments à approfondir, il faut effectuer vos audits de bureau, puis vos audits sur site. La technologie permet d'obtenir une vue d'ensemble et des résultats actionnables. »
Une approche standardisée et scalable est la clé : une fois appliquée à l’ensemble des fournisseurs d’une entreprise, il revient à son service achat d’identifier ses risques fournisseurs et d’utiliser ses ressources internes de façon efficiente pour approfondir ces sujets et prendre des mesures si nécessaire.
Aujourd’hui, en évaluant l’ensemble de votre chaîne d’approvisionnement, vous garantissez également la résilience de ce réseau de partenaires en cas de crise, et ainsi la pérennité de votre propre société.
