C’est désormais une certitude : avec les changements profonds qui s’opèrent dans nos économies et la digitalisation galopante, la fonction achat est amenée à se métamorphoser. Cependant, la grande interrogation qui se pose aujourd’hui est de savoir comment la fonction achat va évoluer. Les premières perspectives sont encourageantes : d’ici une dizaine d’années, la fonction achat comptera des tâches à plus forte valeur ajoutée, des opportunités à double tranchant et un positionnement stratégique en devenir vis-à-vis des autres départements.
Fonction achat à horizon 2030 : quelles seront les perspectives ?
La transformation de la fonction achat semble être une évidence pour toute la communauté. Les professionnels sont convaincus que le métier d’acheteur aura profondément changé d’ici une dizaine d’années et que cette profession sera plus florissante que jamais ! Cette perspective s’inscrit dans une évolution globale opérée depuis plusieurs décennies, d’une fonction majoritairement administrative à un rôle stratégique pour défendre la compétitivité des entreprises.
Avec l’avènement des nouvelles technologies, cette vision se cristallise notamment autour de l’automatisation des opérations chronophages, répétitives et à faible valeur ajoutée pour les équipes achats. Il est vrai qu’aujourd’hui, les acheteurs réalisent des tâches qui sont, à parts égales, autant opérationnelles que stratégiques. Dans une moindre mesure, ce même schéma s’applique également aux directeurs des achats qui comptent encore des tâches purement opérationnelles, malgré leur rôle pour le moins stratégique !
D’après le rapport « Deloitte 2021 Global Chief Procurement Survey » qui a interrogé près de 400 décideurs issus de 40 pays différents, plus d’un tiers des services achats misent d’ores et déjà sur des méthodes et des outils d’automatisation flexibles pour gagner en agilité et mieux gérer la volatilité des charges de travail. À ce titre, la même étude souligne que l’automatisation des processus robotiques (Robotic Process Automation) est la technologie digitale qui est la mieux déployée au sein des entreprises les plus agiles et les plus performantes. C’est probablement parce qu’elle promet d’améliorer la performance opérationnelle et l’engagement des collaborateurs que celle-ci est si avancée au sein des entreprises. En effet, de tels outils peuvent exécuter des processus routiniers et standardisés, en suivant des règles simples.
Fonction achat à horizon 2030 : quelles menaces et opportunités ?
Parce que nous vivons une situation inédite, toute l’attention de la communauté achat se porte aujourd’hui sur les conséquences majeures de cette crise sanitaire et économique : la déflation économique, les impacts de la pandémie et la résilience des fournisseurs. Si l’on se projette à horizon 2030, le tableau est plus diversifié. Il s’avère que les plus belles opportunités de la fonction achat seront également ses plus grandes menaces. Nous pouvons notamment citer trois principaux enjeux qui endossent cette double casquette.
Les avancées technologiques
Les technologies sont extrêmement prometteuses, que ce soit pour prendre la relève des tâches à faible valeur ajoutée ou pour guider les équipes achats dans leurs prises de décision, mais encore faut-il maîtriser ces outils !
Le recrutement et la rétention des talents
Avec un marché de l’emploi de plus en plus volatil, il sera à la fois aisé de recruter des talents, mais il sera tout aussi difficile de les conserver. D’autant qu’en 2030, il faudra (encore plus qu’aujourd’hui) gérer la cohabitation de différentes générations au travail.
La réputation et l’image de marque
Avec la multiplication des médias et des moyens de communication, l’image de marque est aussi capitale que fragile, que ce soit justement pour attirer les talents ou convaincre les clients.
Il est intéressant de noter que ces trois enjeux sont d’ailleurs intrinsèquement liés : à terme, les nouveaux talents souhaiteront intégrer les entreprises bénéficiant d’une image d’entreprise vertueuse, robuste, ayant réussi leur virage digital. En contrepartie, ce seront ces mêmes talents qui apporteront leurs pierres à l’édifice pour booster la réputation et la transition digitale au sein de leur entreprise. Bien entendu, de nombreuses autres opportunités et menaces graviteront autour de la fonction achat sur ces prochaines années, avec en tête de file : la disruption des industries, les chocs géopolitiques ou encore la cyber-sécurité.
Fonction achat à horizon 2030 : quelle perception a-t-on du métier ?
D’ici dix ans, la fonction achat ne sera pas intégralement automatisée ou externalisée. Au sein de leur entreprise, les équipes achats seront plutôt perçues comme un groupe agile de conseillers stratégiques. Loin de l’image négative de « cost killer » qui lui a longtemps collé à la peau, la fonction achat aura indéniablement gagné de l’influence auprès de l’ensemble de ses parties prenantes pour devenir un fin stratège et un véritable « business partner ». Dans cette dynamique, de nombreux décideurs souhaitent d’ores et déjà renommer le directeur des achats en « directeur de la valeur ».
Ce changement de posture s’explique notamment à travers l’évolution de leurs missions. La réduction des coûts ne sera plus la principale priorité. Au-delà des préoccupations purement économiques, les acheteurs se concentreront sur l’innovation fournisseurs et les achats responsables, dans une logique de création de valeur.
Au vu de ces perspectives, la fonction achat devra s’attacher à mettre en lumière ses résultats, démontrer sa valeur ajoutée et ainsi améliorer la satisfaction globale des parties prenantes. D’après le rapport précédemment cité et réalisé par Deloitte, il y a encore aujourd’hui une certaine marge de progression si l’on regarde de plus près l’indicateur clé de performance relatif à la satisfaction des clients internes : 24 % des départements achats interrogés ne suivent pas encore cet indicateur tandis que 12 % d’entre eux n’atteignent pas leurs objectifs.
L’avenir de la fonction achat à horizon 2030 est engageant, mais il soulève des questions en ce qui concerne sa feuille de route et l’évolution des métiers. Autant de sujets qui seront abordés dans les prochains volets de ce dossier.
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