Les 3 enjeux stratégiques de la fonction achat

fonction achat
2 juin 2020
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Natacha Tréhan est une universitaire experte en management achat. Sa dernière publication [1] permet de rattacher la feuille de route stratégique de la fonction achat à ce qu’elle désigne comme les nouveaux challenges proposés à l’entreprise.

Selon elle, la Direction Générale fixe 3 enjeux stratégiques aux directeurs et responsables achats pour qu’ils prennent leur part dans la transformation :

Enjeu stratégique n°1 de la fonction achat : la création de valeur

L’agilité est le fil conducteur des stratégies gagnantes déployées pour faire face à l’imprévu et à ses conséquences. La période actuelle ne vient bien sûr que renforcer cette conviction que le modèle économique, comme l’architecture de la supply chain, doit être réinventé.

L’entreprise a donc besoin de la part de la fonction achat que celle-ci s’oriente résolument vers la création de valeur. L’orientation ‘’business’’ doit se traduire à travers des chantiers concrets :

  • Favoriser la pénétration de l’innovation dans l’entreprise, par exemple grâce à une coopération plus étroite avec les fournisseurs 
  • Contribuer à l’accélération de la mise sur le marché de nouveaux produits, par exemple via le sourcing de composants de dernière génération
  • S’engager plus fortement dans la conquête de nouveaux marchés, en s’impliquant notamment davantage aux côtés des équipes commerciales

La notation extra-financière des entreprises est enfin un élément de plus en plus important dans sa capacité à peser sur ses marchés. C’est pourquoi la fonction achat est très attendue aussi sur l’ensemble des critères ESG [2].

Enjeu stratégique n°2 de la fonction achat : la maîtrise des risques

Le terme de VUCA s’est imposé depuis quelques années pour décrire l’environnement des entreprises :

  • Volatil (Volatility)
  • Incertain (Uncertainty)
  • Complexe (Complexity)
  • Ambigu (Ambiguity)

C’est pourquoi le deuxième enjeu stratégique assigné à la fonction achat est la prévention des risques, et singulièrement de la prévention des risques ceux liés à la réputation.

Natacha Tréhan rappelle dans son article la corrélation entre le cours de bourse de l’entreprise et par exemple le comportement des fournisseurs. La fonction achat est, de ce point de vue, le gardien de l’intégrité de la réputation de l’entreprise.

Elle doit sans cesse évaluer et éventuellement conjurer des risques comme :

  • La rupture de la supply chain
  • Le non-respect du cahier des charges
  • Le non-respect des exigences normatives
  • L’infraction aux principes de protection de l’environnement et des droits humains

Une autre dimension dans la prévention des risques de réputation tient selon l’auteure à la capacité de la fonction achat à proposer aux autres départements des procédures de commande et de validation agiles. La digitalisation de la fonction achat est ainsi un indice de modernité qui rejaillit sur l’ensemble de l’entreprise.  

Enjeu stratégique n°3 de la fonction achat : la performance économique

Tournée vers la conquête de nouveaux business et vers la défense de la réputation, la fonction achat n’en est pas moins attendue sur son excellence dans sa mission historique.

Natacha Tréhan rappelle à juste titre que l’esprit de conquête et d’innovation se nourrissent de bases financières saines et solides et du soutien des actionnaires. La Direction Générale attend donc de la fonction achat un impact positif sur le résultat opérationnel et sur la trésorerie.

La réduction du coût total de possession [3] reste au centre de la mission de la fonction achat. En effet, cette dernière a construit sa légitimité sur ce savoir-faire et sa capacité à peser stratégiquement repose toujours sur sa contribution à la performance économique de l’entreprise.

En conclusion, la fonction achat est fortement invitée à dépasser son rôle traditionnel pour accompagner plus étroitement la nécessaire transformation de l’entreprise. La fonction achat doit conjuguer solidité et agilité pour peser réellement au niveau stratégique. C’est pourquoi il faut que les équipes achats s’approprient dans la durée les bonnes pratiques mises en œuvre à l’occasion de l’épreuve du Covid-19.

Pour autant, la performance stratégique ne saurait être complète qu’avec la prise en compte par la fonction achat de la dimension sociétale de sa mission. Pour aller plus loin sur ce sujet, lisez la dernière analyse que Pierre-Olivier Brial, Directeur Général Délégué du groupe Manutan, a consacré à la thématique : 3 bonnes pratiques achats pour contribuer à la RSE

 

[1] Libérer le plein potentiel de la fonction achat par la digitalisation – Natacha Tréhan/ivalua – 2020

[2] environnement, social, gouvernance

[3] TCO – Total Cost of Ownership

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