Les achats responsables ou la nécessité de revoir la notion de prix

Vidéo
2 mars 2021
Partagez :
{{totalComments}} commentaires

Sur la chaîne télévisée BSMART, trois intervenants de qualité échangent autour des achats responsables. Alors que ce mouvement de fond s’est accéléré avec la crise sanitaire, les entreprises doivent plus que jamais répondre aux attentes de leurs clients dans ce domaine, tout en faisant preuve de pédagogie. Une consigne délicate qui remet en cause la notion même de prix.

Les achats responsables, un point de bascule

Alors que le sujet des achats responsables monte en puissance depuis plusieurs années, ce mouvement de fond s’est accéléré avec la crise sanitaire. Alors que les consciences s’éveillent, les signes de cette bascule se font nombreux. A ce titre, Pierre-Olivier Brial, Directeur Général Délégué du groupe Manutan, évoque « les grands fonds [d’investissement qui] sortent leurs actifs de l’économie carbonée pour aller vers des entreprises qu’ils considèrent plus responsables ».

L’étude annuelle menée par l’ObsAR confirme cette tendance : près de trois quarts des entreprises interrogées (dont une part croissante de PME[1] et TPE[2]) ont mis en place une politique d’achats responsables. Pierre Pelouzet, Président de l’Observatoire des Achats Responsables (ObsAR), est formel de son côté : « On ne peut pas ressortir de la crise comme on y est entré car si on garde les mêmes réflexes, les mêmes comportements demain que ceux d’hier, on va tous dans le mur. »

Les attentes clients en matière d’achats responsables

Au-delà du respect des obligations réglementaires et de leurs propres convictions, les entreprises se tournent vers les achats responsables pour répondre aux attentes de leurs clients. C’est un fait : les clients finaux sont de plus en plus regardants sur ces sujets, en particulier les jeunes générations.

Pierre-Olivier Brial observe ce phénomène au sein des appels d’offres : « La partie RSE, et achats responsables d’abord, est beaucoup plus documentée et beaucoup plus creusée. »

Chez Accorhotels, la Direction des Achats s’attache à sourcer des produits et services qui respectent des critères responsables et à les mettre à disposition de leur réseau hôtelier qui représente près de 5 000 hôtels à travers le monde. L’enseigne essaie, autant que possible, de toujours proposer une offre responsable pour laisser in fine le client choisir. Dans cette dynamique, Caroline Tissot, Directrice Générale des Achats pour le groupe Accorhotels, ressent « une vraie volonté du client de nous accompagner dans cette recherche de sens. »

A titre d’exemple, le groupe hôtelier a mis en place plusieurs initiatives, très bien accueillies par leurs clients. Par exemple, tous les hôtels luxe et premium en France n’utilisent plus que des fruits et légumes bios. Ou encore, sur l’ensemble des hôtels économiques en Europe, les petits savons et shampoings ont été remplacés par des pompes, pour éliminer les contenants plastiques.

Une nécessité : repenser la notion de prix

Pour les intervenants, il est essentiel de redéfinir ce que comprend le prix des produits ou services que l’on achète et que l’on vend, et de sensibiliser toutes les parties prenantes sur ce point. Pierre-Olivier Brial en est convaincu : « Il ne faut surtout pas opposer le prix à l’achat responsable ».

Au même titre que la notion de coût complet, ou coût total d’acquisition (TCO), intègre le prix d’achat mais aussi le coût d’acquisition, de maintenance, d’utilisation, de non qualité, etc. il faudrait que ce coût complet inclue des critères responsables (le respect de l’environnement, la gestion des déchets, l’inclusion des personnes, etc.).

Pierre Pelouzet est enthousiaste à ce sujet : « Et là, on revalorise ce coût complet, on achète quelque chose qui a une valeur d’usage, une valeur d’environnement, une valeur d’impact social et sociétal, une valeur d’emploi, etc. [] Non ce n’est pas plus cher, c’est simplement une qualité différente, un impact différent, cela a une valeur et il faut la mettre en avant. »

Dans cette configuration, les entreprises ont un rôle clé à jouer pour élever les consciences. Cela commence par proposer des contenus produits de qualité, faire preuve de pédagogie envers les clients finaux pour qu’ils aient toutes les cartes en main lorsqu’ils font leurs achats. Pierre Pelouzet acquiesce : « Il y a un besoin de visibilité, besoin de clarté, besoin d’affichage sérieux. C’est pour ca que les labels sont importants ».

Finalement, l’ambition des entreprises est de renforcer la connaissance et d’élever la conscience de leurs clients, pour leur permettre de faire des achats éclairés. Car la vraie question reste : « est-ce que mon produit ou mon service, aussi responsable et éthique qu’il soit, sera finalement acheté par les clients ? »


[1] Petites et Moyennes Entreprises

[2] Très Petites Entreprises