Alors que nous nous dirigeons vers un changement inédit de paradigme social et économique, les entreprises se préparent à repenser leur modèle économique. Sur le long terme, le directeur des achats devra accompagner son organisation dans cette voie, en élargissant son champ d’actions au-delà de ses précédentes missions qui se concentraient jusqu’alors sur les enjeux financiers et la gestion des risques. Diego de la Garza, Senior Director of Global Services & Delivery, et Philippe de Grossouvre, EMEA Northern Europe Business Development Director, tous deux représentant la société Corcentric, éditeur de solutions d'automatisation des processus achats et financiers, imaginent à quoi ressemblera un directeur des achats et quels seront ses leviers d’actions d’ici une cinquantaine d’années.
De directeur des achats à directeur de la valeur
Tout d’abord, les deux interlocuteurs proposent de renommer la fonction : le directeur des achats deviendrait ainsi le directeur de la valeur. C’est ce que souligne Philippe de Grossouvre : « Quand on y réfléchit, le titre de directeur des achats ne représente qu'une petite partie de son réel potentiel. […] Je pense que la fonction de directeur des achats est en train d’évoluer vers de plus grandes responsabilités et ne se concentre plus seulement sur les prix, le leadership, le temps, la qualité mais qu’elle ajoute également de la valeur tout au long du processus de fabrication de produits d’une entreprise. ».
C’est une idée de plus en plus partagée par la communauté achats. De nombreux décideurs sont convaincus que les tâches quotidiennes de la fonction achat seront de plus en plus automatisées, telles que l’identification des risques fournisseurs par exemple. Dans cette configuration, le directeur des achats devra repenser le rôle et les missions de son département. Nous pouvons imaginer que sa place sera alors aux côtés de la direction générale afin d’accompagner l’entreprise dans son évolution.
Les missions actuelles et à venir du directeur des achats
Les missions historiques
Jusqu’à aujourd’hui, le directeur des achats comptait deux principales missions :
- Contribuer à la performance économique de son entreprise avec la réduction des coûts, l’optimisation de la trésorerie, etc. ;
- Gérer (voire anticiper) les risques, qu’il s’agisse de risques opérationnels, juridiques, financiers, contractuels, etc.
À la sortie de la crise sanitaire, ces deux missions prennent tout leur sens. Le directeur des achats doit désormais accompagner son organisation dans la reprise économique, tout en sécurisant son environnement, avec les approvisionnements en premier plan.
La création de valeur
Dans les prochaines années, le directeur des achats va progressivement basculer sur de nouvelles missions afin de participer à la création de valeur pour son organisation.
Il s’apprête notamment à :
- Accompagner l’entreprise dans la transformation de son modèle économique en favorisant l’agilité ;
- Contribuer à la croissance des revenus en identifiant de nouvelles opportunités, en développant les activités existantes ou encore en accélérant les délais de commercialisation ;
- Stimuler et capter l’innovation en collaborant avec son réseau de fournisseurs, voire même en co-construisant des solutions avec ces derniers ;
- Se placer au cœur des enjeux de notation extra-financière en s’intéressant de près aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance.
Toutefois, avant d’être mandaté sur ces nouvelles missions d’avenir et d’intégrer le comité de direction si ce n’est pas encore fait, le directeur des achats devra faire ses preuves sur ses missions historiques. C’est alors que la transformation digitale entre en jeu, apportant un vrai soutien, tant sur le plan opérationnel que stratégique.
Les nouvelles technologies, au service du directeur des achats
Pour permettre au directeur des achats d’évoluer en ce sens, il semble indispensable de miser sur les nouvelles technologies. Diego de la Garza et Philippe de Grossouvre, nos deux experts de Corcentric interrogés dans la vidéo, souhaiteraient notamment voir apparaître plus de logiciels sur le marché, pouvoir exploiter plus de données et ainsi construire un processus d’achat davantage transparent et rationalisé.
Nous pouvons imaginer un déploiement en deux temps, à horizon 2070. Tout d’abord, les solutions e-achats et l’automatisation robotisée des processus vont considérablement améliorer le processus d’achat existant, libérant les acheteurs de tâches à faible valeur ajoutée. Une fois que cette première étape sera réalisée, le directeur des achats pourra alors s’appuyer sur le Big Data et l’Intelligence Artificielle pour aiguiller ses prises de décision au quotidien.
Les défis que posent ces nouvelles technologies
Pour que ces perspectives se réalisent, le directeur des achats devra adresser deux problématiques :
Développer ses compétences digitales
Plusieurs études affirment que d’ici cinq ans, 60 % des emplois nécessiteront d’avoir une formation au numérique. Sans surprise, la fonction achat ne fait pas exception. En effet, le directeur des achats devra renforcer ses propres compétences ainsi que celles de ses acheteurs. Cela concernera autant le pilotage des données que la maîtrise des technologies actuelles (analyses prédictives, visualisation, etc.).
Garantir la pleine exploitation de ces outils
Comme nous le rappelle Diego de la Garza : « Même si nous sommes à l'ère du numérique, il s'agit toujours d'entreprises humaines. Vous devez donc vous assurer que les employés collaborent et qu'ils associent correctement les services à la technologie, mais aussi que les logiciels sont utilisés de manière appropriée. De cette façon, vous maximisez à la fois le potentiel d'un service et celui d'une solution technologique. […] De nos jours, vous pouvez être submergé par les données de tous ces systèmes intégrés mais en même temps, vous avez encore besoin de personnes et de leurs compétences pour visualiser ces données autrement. »
Ces nouvelles missions pour le directeur des achats (autrement appelé directeur de la valeur) influeront immanquablement et progressivement sur ses équipes achats et leurs partenaires, de façon progressive. À horizon 2070, c’est tout l’écosystème qui devra ainsi miser sur une collaboration intelligente, boostée par la technologie, pour réussir.
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