Avec la révolution digitale et les changements profonds qui s’opèrent dans nos sociétés et nos économies, la fonction achat va se transformer à horizon 2030. Les acheteurs seront en premier plan : ils devront s’adapter avec agilité, en adaptant leurs compétences aux besoins de leur entreprise et à l’évolution de leur environnement. Dans ce contexte, cinq compétences s’avèreront indispensables d’ici une dizaine d’années. L’enjeu est de s’y préparer au plus tôt pour pouvoir faire la différence sur le marché du travail.
Sourcer efficacement l’innovation
Parce que les technologies se développent à une vitesse fulgurante, l’entreprise ne peut pas se laisser distancer sous peine de perdre en compétitivité. C’est pourquoi l’innovation fera partie des prochaines priorités de la fonction achat à horizon 2030. Les acheteurs participeront ainsi pleinement à la stratégie d’innovation de leur organisation en mettant en place des partenariats stratégiques avec des start-ups et en stimulant l’innovation auprès de leur réseau de fournisseurs.
Ils devront notamment développer leur sens de la collaboration et leur leadership pour engager leurs parties prenantes dans cette quête de l’innovation. D’un point de vue du savoir-faire, ils adopteront de nouvelles pratiques :
- Pour repérer l’innovation, les acheteurs s’appuieront sur des plateformes d’open innovation, de hackathon ou de freelances ;
- Pour sélectionner les innovations adaptées à leur activité, ils pourront mettre en place des processus d’évaluation auprès de leurs fournisseurs, en s’appuyant sur des critères de qualité, de sécurité et de coûts ;
- Pour mesurer la capacité d’innovation de leurs fournisseurs, il sera possible de suivre des indicateurs clés de performance tels que le nombre d’innovations proposées et adoptées par exemple ;
- Pour travailler avec des start-ups ou des PME (Petites et Moyennes Entreprises) innovantes, il leur faudra construire de nouveaux modèles économiques et adapter leurs processus de travail.
Mettre en œuvre la stratégie d’achats responsables
Alors que plus de deux tiers des entreprises n’ont pas encore investi en faveur d’une chaîne d’approvisionnement durable ou commencent tout juste à le faire aujourd’hui[1], cela ne sera plus une option à horizon 2030.
Que ce soit pour répondre aux exigences croissantes des clients finaux, des collaborateurs, de la direction, des législateurs ou encore des investisseurs, les entreprises vont intégrer la RSE (Responsabilité Sociétale d’Entreprise) au cœur de leur stratégie globale et les directions des achats devront apporter leur pierre à l’édifice en déployant une stratégie d’achats responsables.
Cependant, cette problématique est tellement récente qu’ils devront développer de nouvelles aptitudes :
- Des connaissances techniques en matière de législation pour se mettre en conformité vis-à-vis des réglementations qui se multiplient : Devoir de Vigilance en France, Modern Slavery Act au Royaume-Uni, Règlement sur les minerais provenant de zones de conflit pour l’Union européenne, etc. ;
- Une solide capacité d’influence pour engager les fournisseurs dans leur démarche d’achats responsables, dans une logique d’amélioration continue.
Pour aller plus loin, téléchargez notre livre blanc pour comprendre comment inclure la RSE au cœur de la politique d'achat de votre entreprise.
Maîtriser les nouvelles solutions digitales
L’avènement des nouvelles technologies et la transformation digitale des entreprises vont bouleverser le quotidien des équipes achats. À horizon 2030, les acheteurs s’appuieront sur des solutions de Big Data, d’Intelligence Artificielle et d’automatisation des processus robotiques (RPA) pour réaliser des analyses prédictives, automatiser leurs processus et optimiser leur stratégie d’achat. Dans ce contexte, les acheteurs n’auront d’autres choix que de développer leurs compétences liées à la digitalisation des achats, qui sont aujourd’hui considérées comme particulièrement critiques ! En complément d’une formation sur certains sujets techniques, le mentorat pourrait d’ailleurs être une excellente manière de se perfectionner dans ces domaines.
Les acheteurs devront à la fois apprendre à :
- Maîtriser les outils digitaux en devenant de véritables technophiles ;
- Renforcer leur esprit critique pour analyser et exploiter les informations recueillies ;
- Développer leur pensée computationnelle pour mieux interagir avec ces technologies.
Piloter la stratégie en période de crise
La pandémie de Covid-19 a mis en exergue le rôle stratégique des achats dans les périodes critiques. Parce que nous évoluons dans un monde volatile, incertain, complexe et ambigu (ce que l’on appelle communément le monde VUCA[2]), les équipes achats doivent se préparer à d’autres menaces : la récession économique, les guerres commerciales, la disruption des industries, les chocs géopolitiques, etc.
Dans un tel contexte, les acheteurs devront faire preuve d’adaptation et de réactivité, tout en structurant de manière proactive leur réseau de fournisseurs. Ils auront également tout intérêt à renforcer leur fibre relationnelle pour construire des relations solides avec leurs fournisseurs stratégiques. Des partenariats forts sauront faire la différence en cas de besoin, comme l’a déjà prouvé la crise sanitaire.
Analyser la vulnérabilité du réseau fournisseurs
Avec la mondialisation, les chaînes d’approvisionnement sont de plus en plus complexes, avec de multiples acteurs et interdépendances. De plus, les décideurs achats redoutent des risques de volatilité des prix et de pénuries dans les prochaines années. Pour parer à ces éventuelles difficultés, la fonction achat doit piloter et analyser la vulnérabilité de son réseau de fournisseurs.
Les acheteurs pourront notamment s’appuyer sur les nouvelles technologies pour rassembler un grand nombre de données pertinentes, les ordonner et les interpréter, ce que l’on appelle communément du Predictive Supply Chain Risk Management. Ils seront ainsi alertés en temps réels des événements et pourront même anticiper ceux à venir.
Il leur faudra bien entendu compléter cette dimension technologique, de véritables aptitudes analytiques et d’une large connaissance de l’écosystème.
À horizon 2030, l’acheteur adaptera ses compétences aux nouvelles priorités de son entreprise : réussir son virage digital, déployer sa stratégie RSE et booster sa résilience. C’est en développant des compétences à la jonction entre la vision stratégique et l’intelligence relationnelle que la fonction achat relèvera ce défi et gagnera la reconnaissance de ses parties prenantes.
