Cela fait maintenant plusieurs mois que le Covid-19 bouleverse nos vies et nos économies. Les conséquences à terme sont encore difficiles à évaluer mais il est d’ores et déjà possible d’en tirer quelques leçons pour l’avenir. Ces enseignements, inspirés d’un article de Procurement Leaders, pourront nous aider à mieux nous préparer aux prochaines crises…
Définir un ensemble équilibré d’objectifs
Une récente étude menée par Forrester souligne que les entreprises les plus matures dans le domaine des achats mesurent et évaluent leur performance en s’appuyant sur un grand nombre d’objectifs stratégiques.
A titre d’exemple, près de la moitié des départements les plus avancés en matière d’achats interrogés dans cette enquête avaient mis en place des bonus liés à des indicateurs clés de performance tels que les risques fournisseurs et les ruptures de la chaîne logistique. Aujourd’hui, les entreprises qui avaient défini un grand nombre d’objectifs mais qui récompensaient uniquement les économies réalisées se trouvent dans une fâcheuse position.
Cependant, définir un ensemble équilibré d’objectifs ne se fait pas du jour au lendemain. Les services achats focalisés sur les coûts et les négociations mettront peut-être un peu plus de temps à miser sur la collaboration et l’analyse, qui sont devenues des priorités à l’heure du Covid-19.
Avoir une vision globale
Pour diluer les risques, les entreprises doivent bénéficier d’une vision globale. Par exemple, avoir un portefeuille de fournisseurs à faible risque ne réduit pas toujours l’exposition à d’autres aléas, comme le fait d’avoir tous ses fournisseurs localisés en Chine... Beaucoup d’entreprises ont vu leur chaîne logistique arrêtée ou perturbée car elles avaient évalué leurs risques fournisseurs de façon individuelle, sans une vue d’ensemble.
Cependant, le 100 % Made In France ne serait pas non plus une solution viable, dans le cas où le virus se développe sur notre territoire. La clé réside dans la diversification du portefeuille de fournisseurs.
Scruter les moindres détails
Un grand nombre d’entreprises étaient surprises par les perturbations d’approvisionnement, qui venaient non pas directement de leurs fournisseurs, mais des fournisseurs de leurs propres fournisseurs ! Le développement de l’externalisation mais aussi les chaînes d’approvisionnement qui s’allongent et se complexifient ont créé de nouvelles failles, difficiles à évaluer.
Dun & Bradstreet a mis en lumière ce phénomène dans un récent document "Business Impact of the Coronavirus" : alors que 51 000 entreprises à travers le monde ont au moins un fournisseur de rang 1 (direct) localisé dans l’une des régions chinoises touchées par le virus, pas moins de 5 millions d’entreprises ont au moins un fournisseur de rang 2 (indirect) dans cette même zone. L’exposition aux risques dépasse ainsi largement les analyses concernant les fournisseurs de rang 1. Dès lors, les décideurs achats doivent avoir une visibilité à 360° sur leurs fournisseurs, qu’il s’agisse de fournisseurs directs et indirects.
Aujourd’hui, les achats et la logistique sont en première ligne pour aider leur entreprise à maintenir leurs activités, et ainsi soutenir leurs collègues, leurs clients et leurs fournisseurs. Demain, il appartient à la fonction achat de s’inspirer de ces trois préceptes pour mieux gérer la crise actuelle mais aussi et surtout celles qui se profilent à l’avenir.