Achats de classe C : sont-ils vraiment non stratégiques ?

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17 décembre 2020
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En fin d'année 2020, l’émission bimensuelle « SMART@WORK » dédiée au « Bien-travailler » mettait en lumière les achats de classe C, ces achats non stratégiques et non récurrents, par définition. La journaliste et présentatrice Aurélie Planeix conviait trois experts en la matière pour échanger sur les différents enjeux qui gravitent autour de cette catégorie d’achats : Xavier Laurent, Directeur Fusions et Acquisitions du groupe Manutan, Natacha Tréhan, maître de conférences à l’Université Grenoble Alpes mais aussi chercheur et spécialiste en management des achats, et Christophe Jan, Directeur des Achats Orange France.

Que retrouve-t-on au sein des achats de classe C ?

Natacha Tréhan nous rappelle que l’on catégorise les achats en deux étapes :

  • Dans un premier temps, il faut déterminer l’engagement financier des achats

La fonction achat s’appuie sur la loi de Pareto pour identifier trois classes d’achats : la classe A, B et C. A ce titre, Natacha précise que « la classe C […] va correspondre à 50 % des références achetées [et] ne va représenter que 5 % du montant total des achats ».

  • Dans un second temps, il convient d’analyser la criticité de ces achats

Les achats de classe C vont alors être rangés dans deux catégories :

  • Les achats risqués désignent les achats de classe C considérés comme critiques, comme par exemple les masques pendant la crise de la Covid-19.
  • Les achats simples représentent les achats de classe C qui ne sont pas considérés comme critiques. On retrouvera dans cette catégorie du petit outillage, du matériel de bureau, etc.

Le double enjeu des achats de classe C 

Très vite, les trois experts s’accordent à dire que les achats de classe C présentent une double problématique majeure. En effet, cette catégorie d’achat doit à la fois contribuer à :

  • La satisfaction des collaborateurs

Les achats de classe concernent, par essence, tous les collaborateurs de l’entreprise. Ils jouent un rôle clé quant à la qualité de vie au travail mais aussi à la santé et à la sécurité au sein de l’entreprise. C’est pourquoi, il faut que chacun puisse s’équiper facilement et rapidement en achats de classe C, à travers une solution digitale offrant une bonne expérience utilisateurs.

  • L’efficience de l’entreprise

Les achats de classe C, avec tous les coûts cachés qu’ils génèrent, représentent aujourd’hui de formidables sources d’économies à exploiter. Comme le rappelle Natacha Tréhan : « [Parce que ces achats vont] générer le plus de références, le plus de commandes, le plus de fournisseurs, etc. Il y a une complexité à gérer, donc il y a une problématique d’efficience. »

La RSE : un sujet qui monte en puissance

En parallèle de ces deux enjeux historiques, une thématique anime tout particulièrement le plateau télévisé : la Responsabilité Sociétale des Entreprises. C’est un sujet désormais incontournable au sein des Directions des Achats, comme le souligne Christophe Jan : « On a regardé la possibilité d’utiliser des marketplaces […] mais on n’a pas abouti pour une simple raison : les caractéristiques RSE des plateformes que nous avons regardé […] ne satisfont pas nos exigences. ». Entre autres, les invendus non-recyclés, le non-respect des droits de l’Homme, etc. Aujourd’hui, il est plus que nécessaire de mettre en place des bonnes pratiques achats pour contribuer à la RSE.

Xavier Laurent confirme cette tendance : « [La RSE] est devenu un des très grands axes des appels d’offres. » Il y a encore quelques années, un fournisseur se contentait de décrire en une page sa politique RSE. Aujourd’hui, cette partie compte pour près d’un tiers de la note finale, et doit être enrichie d’éléments mesurables. Il lui faut par exemple préciser s’il emploie des personnes en situation de handicap ou issues de quartiers défavorisés, quels types de camions sont utilisés pour les livraisons, combien de produits sont chargés dans ces derniers, etc.

Au vu de ces multiples enjeux, il semble que les entreprises aient désormais tout intérêt à prendre en compte un coût complet, tout autant qu’un risque complet, pour adopter une vision systémique.

Finalement, ces achats de classe C, non stratégiques par définition, ont toute leur importance au sein des Directions des Achats. Une tendance qui pourrait même aller croissante à l’heure de la crise sanitaire où la qualité de vie au travail, la santé et la sécurité tout comme l’efficience sont des sujets brûlants pour les entreprises.

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