Table ronde d’experts sur les futurs enjeux de la fonction achat en entreprise

Les enjeux de la fonction achat
Mis à jour le 16 septembre 2021
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La crise sanitaire et économique déclenchée par la Covid-19 a bouleversé la fonction achat en entreprise. Après avoir été au cœur du tumulte, celle-ci voit ses priorités évoluer à court et moyen terme. Pour éclaircir la situation, des dirigeants d’entreprise se sont réunis pour débattre autour du positionnement et de la responsabilité de la fonction achat au sein de son organisation, face aux enjeux de demain.

Comment la Covid-19 rebat les cartes pour la fonction achat en entreprise

Laurent Tardif, Président Directeur Général de Prysmian Group Sud Europe, ouvre le débat en rappelant l’impact de la crise sanitaire sur la fonction achat : « le choc qu’on a traversé a mis encore en valeur cette fonction centrale des achats qui s’est retrouvée évidemment impliquée dans toutes nos réunions et comités Covid. » Chez le producteur italien de câbles d’énergie et de télécommunications, le département achats a eu une triple mission : garantir les stocks nécessaires d’équipements de protection individuelle pour les collaborateurs, s’assurer du bon fonctionnement de la production, mais aussi identifier les risques liés aux approvisionnements.

Nous en avons tous été témoins : pendant la pandémie, la fonction achat en entreprise a gagné ses lettres de noblesse. Aujourd’hui, elle espère bien capitaliser dessus pour asseoir son positionnement stratégique. Passée l’urgence des premiers mois de crise, les départements achats sont toujours mobilisés, avec deux priorités à l’ordre du jour :

La réduction des coûts

Même les organisations qui ont su résister et poursuivre leurs activités en pleine période de pandémie doivent désormais se préparer à une phase d’instabilité. Pour garantir la résilience de leur entreprise, les directions des achats vont indéniablement devoir réduire leurs coûts. À la différence qu’aujourd’hui, elles procèdent différemment pour parvenir à leurs fins. Il n’est plus question de baisser les prix auprès des fournisseurs, mais plutôt de travailler main dans la main avec ces derniers pour améliorer la productivité, dans une logique vertueuse pour les différentes parties prenantes. Cela passe par exemple par l’optimisation et la digitalisation des processus, le gain d’efficacité, la réduction des déchets, la réception des produits « juste à temps », etc.

La sécurisation des chaînes d’approvisionnement

Parce que nos chaînes d’approvisionnement sont interconnectées, la Covid-19 a mis en exergue de nouveaux risques. C’est pourquoi il est devenu capital d’accélérer et d’améliorer les programmes de gestion des risques, dès le début du processus de référencement des fournisseurs et tout au long de leur cycle de vie. À titre d’exemple, Jean-Philippe Riehl, Directeur du Contrôle des Risques et de l’Audit Interne Groupe chez Spie, leader européen indépendant des services pour l'énergie et les communications, souligne un chiffre inquiétant : 60 % des cyberattaques ciblent aujourd’hui la supply chain[1], rappelant ainsi l’absolue nécessité d’en assurer la robustesse.

Performance économique vs RSE ?

Sujet d’actualité depuis plusieurs années, la Responsabilité Sociétale des Entreprises devait être abordée par le groupe de dirigeants. Dans ce domaine, la fonction achat en entreprise fait parfois face à des injonctions (à première vue) contradictoires entre performance économique et responsabilité sociale et environnementale.

Fabrice Bonnifet, Président du C3D (Collège des Directeurs du Développement Durable) et Directeur Développement Durable & Qualité, Sécurité, Environnement du groupe Bouygues appelle à une remise en question complète des modèles économiques. Il prend notamment l’exemple de son secteur d’activité, le BTP, qui représente le plus gros producteur de déchets en Europe et le plus grand consommateur de matière première non renouvelable au monde, mais qui n’a encore que trop peu recours au réemploi des matériaux.

Il est également convaincu que la fonction achat est au centre de la mutation de ce modèle, en comparaison avec la production qui ne représente finalement qu’un faible levier pour réduire l’empreinte sociale et environnementale des entreprises. Parmi les nombreuses solutions à disposition des acheteurs se trouvent : l’intégration de critères responsables et durables dans le sourcing, mais aussi et surtout, tous les axes de l’économie circulaire et de la consommation durable : l’économie de la fonctionnalité, l’allongement de la durée d’usage, le recyclage, etc.

Pendant la crise sanitaire, l’Europe a enregistré une réduction de 7 % de ses émissions de gaz à effet de serre. Pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat et notamment pour limiter la hausse des températures à 1,5 degré Celsius, les Nations Unies estiment que : « les émissions mondiales de gaz à effet de serre doivent diminuer de 7,6 % par an au cours de la prochaine décennie si le monde veut rattraper le retard accumulé ». Il faudrait donc atteindre les mêmes résultats que ceux obtenus au cours de cette année de crise mondiale, où l’activité économique et industrielle a été mise sur pause. Cela nous rappelle que le chemin est encore long et que toutes les parties prenantes, dont les entreprises, doivent agir en ce sens.

Pour conclure, la fonction achat doit apprendre à acheter autrement et intégrer de nouvelles données pour prendre part à la transformation des entreprises. Cela requiert des outils efficaces et de fortes convictions, mais surtout, cela donne du sens au métier.

Pour aller plus loin, téléchargez notre livre blanc pour comprendre comment inclure la RSE au cœur de la politique d'achat de votre entreprise.


[1] Source : Accenture