À l’ère de la révolution digitale, toutes les entreprises, privées comme publiques, et tous les métiers sont impactés par l’essor des innovations technologiques. Chacun doit repenser ses processus, adapter sa culture et intégrer l’information à grande échelle, d’autant que ces trois impératifs conditionnent la compétitivité et la pérennité des organisations. La fonction achats ne fait pas exception. Alors que les outils se développent à une vitesse phénoménale, tout l’enjeu est d’y voir clair dans cette course à l’avancée technologique. Aujourd’hui, six nouvelles technologies se démarquent dans le monde des achats.
L’innovation technologique au service de nouveaux enjeux
Au sein des entreprises, les investissements technologiques ont considérablement évolué au fil des années, au-delà des services recherche et développement. Pour les directions des achats, les prévisions annuelles d’investissement ont augmenté de 30 % sur les deux dernières années. Néanmoins, elles sont en train de revoir leur feuille de route digitale pour l’adapter au contexte économique actuel, marqué par l’inflation et les tensions d’approvisionnement.
Pour les décideurs achats, la transformation digitale doit désormais contribuer à :
- L’efficacité et la simplicité des processus ;
- La transparence et la traçabilité des processus ;
- La réduction des coûts ;
- La gestion des risques et des crises ;
- La mise en conformité.
Les entreprises sont ainsi à la recherche de performance et de sécurité. Elles abandonnent toute expérimentation pour se recentrer sur des solutions qui ont fait leurs preuves et qui présentent une véritable valeur ajoutée, avec des cas d’usage éprouvés.
En parallèle, elles comptent également rationaliser le nombre de technologies à déployer. La dernière étude réalisée par PwC sur la digitalisation de la fonction achats rappelle que les entreprises passent d’une moyenne de 3,6 technologies prévues en 2019 à 2,2 en 2022. La tendance est donc au choix minutieux des outils qui les aideront à dépasser cette période critique.
Six technologies majeures qui font la différence
Alors qu’elle fut un temps en retrait de cette évolution technologique, la fonction achats a su initier sa transformation digitale. Dans ce contexte tendu, l’attrait pour les nouvelles technologies se cristallise autour d’une ambition : gagner en compétitivité.
1. Les solutions Source-to-Pay (et Procure-to-Pay)
Les solutions Source-to-Pay (S2C) sont devenues un incontournable pour les directions des achats, tout comme pour les solutions Procure-to-Pay (P2P). Et pour cause ! Toujours d’après l’étude de PwC, 9 entreprises sur 10 sont au moins équipées d’une de ces technologies, si ce n’est des deux. Ces outils permettent principalement de digitaliser, automatiser et optimiser les processus achats, du sourcing jusqu’au paiement (Source-to-Pay) ou bien de la recherche des produits jusqu’au paiement (Procure-to-Pay). Outre ce formidable gain d’efficacité, ils servent également à consolider les données ainsi qu’à améliorer la visibilité et la maîtrise sur les dépenses.
2. L’analyse des données
La digitalisation des processus achats conduit naturellement les directions des achats à exploiter une autre technologie : l’analyse des données (data analytics). Elle permet aux acheteurs de tirer des enseignements et d’orienter leur prise de décision, tant sur le plan opérationnel que stratégique.
PwC souligne également que 82 % des entreprises particulièrement avancées en matière de digitalisation de leurs processus achats estiment créer de la valeur à partir de leurs données achats. À terme, elles devraient également se familiariser avec l’analyse prédictive dans le but d’identifier les tendances à venir.
3. La robotique (et plus précisément la RPA)
L’automatisation des processus robotiques (Robotic Process Automation, aussi connue sous le nom de RPA) joue un rôle clé dans la transformation digitale de la fonction achats. À travers cette innovation, les entreprises peuvent exécuter des actions préprogrammées, en suivant des règles d’arbitrage bien définies.
Cela peut être de l’extraction, de l’envoi ou même encore de la saisie de données, par exemple. L’objectif est de libérer les équipes achats et finance de tâches manuelles et chronophages pour qu’elles puissent se concentrer sur des missions à plus forte valeur ajoutée.
Il est également important de noter que ce type de technologie peut être déployé en seulement quelques semaines, avec des coûts de mise en œuvre moindres.
4. L’Intelligence Artificielle (IA)
Associée au Big Data, l’Intelligence Artificielle est en plein développement et les cas d’usage se précisent dans l’univers des achats. Derrière cette technologie figure tout un ensemble de techniques, de processus et d’applications pour réaliser des tâches de façon « intelligente ».
Le Parlement européen désigne cette innovation comme « une machine [capable] de reproduire des comportements liés aux humains, tels que le raisonnement, la planification et la créativité ». En ce sens, les applications sont multiples : gestion des contrats, gestion des risques fournisseurs, pilotage de la performance, etc.
5. Le Process Mining
Relativement peu connu de la fonction achats, le Process Mining est pourtant très utile dans ce métier. Cette innovation permet, à partir de données issues des différents systèmes d’une entreprise, d’analyser les processus opérationnels pour mieux les comprendre et, in fine, identifier de potentielles optimisations (délais, inefficacités…). Cela aide ainsi les directions des achats à améliorer la productivité globale et réduire les achats sauvages, explorant les causes profondes d’éventuels dysfonctionnements.
6. La blockchain
Bien que la blockchain soit source de valeur, les décideurs achats n’ont pas encore une vision claire de ses cas d’usage. Peu d’entreprises exploitent donc cette innovation, mais leur nombre reste stable au fil des années.
Pourtant, celle-ci présente un formidable potentiel, comme le soulignait Robert Greifeld lorsqu’il était encore président du Nasdaq : « [La blockchain] est la plus grande opportunité à laquelle nous pouvons penser pour la prochaine décennie. »[CB1] . En effet, cette technologie permet de stocker et de transmettre des informations de façon simple, transparente et sécurisée. Les services achats et approvisionnement pourraient ainsi améliorer la traçabilité et accélérer les processus.
À travers le progrès technologique, les directions des achats ont donc une ambition clairement affichée : booster leur performance pour contribuer à la croissance de leur entreprise. Quelle que soit l’innovation technologique (Source-to-Pay, data analytics, automatisation des processus robotiques…), l’idée sous-jacente reste d’économiser du temps et des ressources.
Pour réussir sa transformation digitale, il faut rappeler que la fonction achats doit fonctionner par étapes, en commençant par un état des lieux de la situation actuelle, sans oublier de prendre en compte les principaux obstacles à l’implémentation de chaque technologie (qualité des données, manque d’intégration…). C’est à partir d’une telle cartographie qu’elles pourront définir leur feuille de route, ainsi que leurs priorités en matière de technologies.