La crise sanitaire a, de toute évidence, bouleversé les entreprises et tout particulièrement leurs chaînes d’approvisionnement. Au cœur de cette débâcle, la fonction achat a eu un rôle central dans la poursuite de l’activité et la protection des collaborateurs, en garantissant les approvisionnements nécessaires. A l’heure où la sécurisation des approvisionnements et la réduction des coûts constituent les principales priorités des Directions des Achats, l’achat local est au cœur des discussions. Construire une chaîne d’approvisionnement résiliente, contribuer à la relocalisation, défendre le savoir-faire national ou européen, oui mais comment et à quel prix ?
L’achat local, un paradoxe ?
La Covid-19 a mis en exergue les fortes dépendances d’approvisionnement vis-à-vis des pays asiatiques quand leurs usines étaient à l’arrêt et les transports enrayés. C’est ainsi que la nécessité de relocaliser (une partie de) ses achats a naturellement émergé. Qu’il s’agisse d’une réaction émotionnelle éphémère ou d’une véritable prise de conscience, c’est un fait : les entreprises s’interrogent.
Pourtant, la fonction achat est souvent confrontée à des injonctions contradictoires qui oscillent entre performance économique et responsabilité sociétale des entreprises. Jusqu’alors les pays à bas coût étaient privilégiés pour gagner en rentabilité sur les volumes. Cependant, la notion de prix prend aujourd’hui une autre dimension et les entreprises comprennent que derrière, un achat local, se trouve tout un cercle vertueux : sécurisation des approvisionnements, réduction de l’impact environnemental, meilleurs délais de commercialisation, développement du territoire, argument commercial pour l’utilisateur final, etc.
A l’instar de la démarche TCO (coût total d’acquisition) qui englobe par exemple le prix d’achat, le coût de possession, de maintenance ou encore de non-qualité, peut-être que la fonction achat prendra en compte un prix « réel » incluant également le coût carbone du transport, la contribution à l’écosystème local, etc. Ainsi, une démarche TCO, couplée à une stratégie d’achats responsables, sera surement la clé de demain.
La mobilisation de l’écosystème, levier incontournable
Pour faire de l’achat local une réalité et réussir à transformer cette notion de prix, il faut que toutes les parties prenantes travaillent ensemble. Réseaux professionnels, filières et achats publics doivent créer le cadre de cette démarche fédératrice.
En ce sens, les entreprises et collectivités doivent consolider leurs relations avec leurs fournisseurs tricolores et s’ouvrir à de nouveaux fournisseurs de proximité qui font preuve d’innovation en créant de véritables partenariats et, pourquoi pas, en construisant des plans de transferts d’activité.
La démocratisation de l’achat local dépend de cette dynamique collective (directions d’entreprise, donneurs d’ordre, fournisseurs, investisseurs, pouvoirs publics et collectivités). A la clé : la construction d’une chaîne d’approvisionnement responsable, durable, fiable, agile et réactive.