Quatre étudiants* du Master en Management Stratégique des Achats de Grenoble (France) ont réalisé une vidéo animée sur l’histoire de la fonction achats. De la mission administrative au service des usines dans les années 1850 à la dimension stratégique pour défendre la compétitivité des entreprises d’aujourd’hui, la transformation du métier est fascinante. Cette vidéo de quelques minutes propose un voyage ludique sur les traces du métier d’acheteur.
La fonction achats de 1850 à la fin des années 1960
La fonction achats a émergé avec l’essor des usines à la moitié du XIXe siècle. D’abord considérée comme une simple fonction administrative, elle a progressivement évolué pour devenir un véritable levier de performance. Elle a continué de se développer au cours des décennies suivantes, notamment lors des deux guerres mondiales grâce au rôle essentiel qu’elle jouait dans l’obtention des matières vitales.
Visionnaire, l’ingénieur français Henri Fayol, pionnier de la gestion d’entreprise et du management, soulignait en 1916 : « Savoir acheter et vendre est aussi important que de savoir bien fabriquer… ».
Durant la période de reprise économique après la Seconde Guerre mondiale, la fonction achats a connu une reconnaissance grandissante. L’enjeu était de satisfaire la demande croissante de la population. Le monde connaissait alors une économie de production caractérisée par une demande supérieure à l’offre, une compétition stable et des matières premières abondantes. Cependant, la fonction achats était encore très administrative et centrée sur les produits, et les relations avec les fournisseurs restaient de courte durée.
La fonction achats dans les années 1970
Avec les chocs pétroliers et les crises financières, la croissance a ralenti. Les taux d’intérêt étaient élevés, les économies connaissaient l’inflation et la concurrence était accrue. Le rapport offre/demande s’était inversé. Dès lors, la fonction achats a commencé à contribuer à la défense de l’avantage concurrentiel des entreprises et s’est modernisée avec un triple rôle :
- La veille active ;
- L’animation de réseaux de fournisseurs ;
- La contribution à l’identification d’innovation.
Ce tournant a grandement participé à la reconnaissance de la fonction achats et de son rôle clé.
En 1975, le Français Pierre-Yves Barreyre créait la première formation universitaire pour les futurs managers achats (DESMA), qui a contribué à propager l’idée de l’importance de la relation clients-fournisseurs ainsi que le développement de la relation acheteurs-fournisseurs.
La fonction achats de 1980 à la fin des années 1990
Dans les années 1980, la fonction achats s’est professionnalisée en passant d’une logique de réduction des coûts à celle de gestion des risques et de management des ressources externes. Les entreprises ont commencé à comprendre l’importance de développer des rapports privilégiés avec les fournisseurs leur apportant un avantage concurrentiel.
L’approche « adversariale » qui caractérisait jusqu’alors les relations fournisseurs a laissé place à une approche « relationnelle ». Les partenariats avec un nombre limité de fournisseurs clés se sont développés. Si la quantité de fournisseurs a diminué, la qualité de leur collaboration avec les entreprises a, elle, augmenté.
Autre évolution cette décennie, les fonctions approvisionnement et achats se sont séparées, ce qui a renforcé la position stratégique des directions achats.
La fonction achats dans les années 2000
Au XXIe siècle et d’autant plus après la crise financière, la plupart des entreprises reconnaissent le rôle stratégique de la fonction achats dans la création de valeur.
Jusqu’alors cantonnée à l’industrie, la fonction achats fait également son apparition dans les secteurs tertiaire et public. Certains pays ont même créé leur propre service achats pour contribuer à la maîtrise des dépenses publiques, comme l’a fait la France en 2009.
La fonction achats aujourd’hui
Les différents contextes économiques (après-guerre, choc pétrolier, crise financière…) et, plus récemment, écologiques, ainsi que les défis qui s’y sont greffés, ont contribué à l’évolution de la fonction achats, devenue une véritable stratégie gagnante.
À l’origine, les relations avec les fournisseurs étaient réduites au minimum. Aucune valeur ajoutée n’était alors perçue. Au fil des décennies, ceux-ci se sont cependant révélés être de véritables partenaires créateurs de valeur.
Aujourd’hui, les missions d’une fonction achats stratégique s’équilibrent entre la gestion de coûts, la création de valeur et la gestion des risques, jouant ainsi un rôle primordial dans la défense de la compétitivité des entreprises.
Et demain, qu’en sera-t-il pour l’acheteur du futur ?
Quel avenir pour la fonction achats ?
Comme évoqué tout au long de cet article, la fonction achats n’a cessé d’évoluer depuis ses débuts et il ne fait aucun doute qu’elle continuera sur sa lancée. Les défis seront certes différents, mais ils permettront à l’entreprise de gagner encore davantage en productivité et en compétitivité afin de s’imposer face à ses concurrents.
L’axe de développement futur, mais déjà amorcé sera lié à la performance et à l’automatisation des tâches opérationnelles afin de libérer du temps pour des missions plus stratégiques. Les équipes achats auront donc un rôle beaucoup plus orienté vers le conseil.
Les défis à relever seront principalement axés sur la digitalisation, l’acquisition de connaissances sur l’utilisation des nouveaux outils technologiques et sur le développement de procédures toujours plus respectueuses de l’environnement et du développement durable.
- Téléchargez notre livre blanc « Politique achats et RSE »
* Marion Lejeune, Antoine Pirraud, Antoine Danthon et Walid Ben Garali.