En 2020, d’après le baromètre de l’ObsAR (L'Observatoire des Achats Responsables), presque la moitié des entreprises déjà impliquées (49 %) voyaient l’approfondissement de leur démarche d’achats responsables comme une priorité[1]. Cette volonté témoigne des bénéfices qu’une politique d’achats responsables bien menée peut apporter.
Pour autant, les obstacles à la mise en œuvre et à l’ancrage d’une démarche d’achats responsables sont nombreux et importants. Le livre blanc[2] co-édité par la plateforme EcoVadis[3] et l’École de Management de Grenoble[4] consacre un chapitre à l’inventaire des écueils à anticiper lorsque l’on s’engage dans une telle démarche. Il distingue deux types de difficultés :
- Des obstacles communs à toutes les entreprises
- Des obstacles spécifiques par taille d’entreprise
Les auteurs du livre blanc ont interrogé les entreprises engagées dans le processus d’obtention du label « Relations Fournisseurs et Achats Responsables », qui vient donner légitimité et visibilité aux démarches les plus abouties. Leur retour d’expérience nourrit les paragraphes suivants.
Achats responsables : des obstacles à chacune des étapes de la démarche
Au lancement, la difficulté à bien comprendre les exigences
Le label est associé à un référentiel exigeant. La première difficulté remontée par les acteurs est la bonne compréhension des livrables.
Cette difficulté est d’autant plus élevée que le label évolue avec le temps. Pour autant, le constat des entreprises est que le plus important reste l’investissement initial dans la logique d’une démarche d’achats responsables. Les changements éventuels des exigences s’inscrivent dans cette même logique : les entreprises investies dès le départ ont acquis les bons réflexes pour s’adapter.
Tout au long du déroulement, un fort besoin d’investissement humain
Lorsque l’on engage une démarche d’achats responsables, il faut savoir que l’on entame un parcours de longue haleine, qui mobilise du temps et des énergies :
- 4 à 6 mois pour préparer l’audit initial et obtenir le label
- 1 à 2 mois pour concevoir le plan d’actions
Au total, un des participants à l’étude collective estime à 60 jours/hommes l’investissement la première année. Il ajoute qu’il faut encore consacrer une dizaine de jours/homme par an pour adapter le plan d’actions à la réalité du terrain.
Mais, l’important est aussi de mobiliser les bonnes ressources et de tirer parti du potentiel de chacune d’entre elles. Quatre aspects sont notamment indispensables pour engager toute l’organisation vers les achats responsables :
- Un support au plus haut niveau
- Un pilotage rigoureux de la démarche
- Une sensibilisation forte et continue des acheteurs
- Un échange régulier avec les fournisseurs
En particulier, la question de la montée en compétence de l’équipe achats est un challenge permanent pour améliorer les pratiques de manière continue.
Dans la durée, l’exigence d’un vrai changement de paradigme
Une entreprise qui entame une démarche d’achats responsables doit aussi être consciente de l’ampleur des changements à mettre en œuvre. Encore plus si l’on vise le label, perçu par tous les acteurs comme très exigeant.
Si la rigueur des exigences donne sa valeur à l’obtention du label, elle peut aussi constituer un risque de découragement. C’est pourquoi, dans la durée, préserver les acquis représente un écueil important pointé par les entreprises, toutes tailles confondues.
Enfin, une dernière difficulté, pointée unanimement par les entreprises, réside dans le développement de nouveaux indicateurs adaptés aux enjeux des achats responsables. Le défi est de faire partager à toutes les parties prenantes un raisonnement en coût complet.
Achats responsables : des difficultés spécifiques par taille d’entreprise
Pour les PME, le défi de transposer les concepts
L’obtention du label « Relations Fournisseurs et Achats Responsables » repose sur un audit commun à l’ensemble des organisations. Et même si on ne vise pas le label mais simplement un engagement résolu vers les achats responsables, l’audit préalable est un passage obligé.
Or, pour les Petites et Moyennes Entreprises et pour certains périmètres atypiques, comme les services informatiques, la transposition des critères des achats responsables peut s’avérer problématique.
Pour action : choisir de se faire accompagner par un cabinet connaisseur de l’environnement des PME.
Pour les ETI, le défi du benchmark
Les Entreprises de Taille Intermédiaire sont à la fois peu nombreuses (autour de 5 500 en France par exemple, selon l’INSEE) et réparties sur l’ensemble du territoire national.
C’est pourquoi la comparaison de la performance et la possibilité de profiter d’expériences vécues dans des contextes de taille et d’enjeux comparables est difficile pour les ETI.
Pour action : rejoindre le club de sa région et/ou la commission RSE.
Pour les grands groupes, le défi de la diffusion à l’échelle de l’organisation
La dispersion des entités et la longueur des lignes hiérarchiques rendent souvent l’appropriation inégale selon les entités et les régions et, de fait, l’application de la démarche achats responsables imparfaite par endroits.
Pour action : renforcer l’accompagnement du changement, avec par exemple une équipe d’ambassadeurs dédiés au projet pour porter partout une parole forte et égale.
Pour les entreprises publiques, la difficulté de s’approprier la démarche
Pour un certain nombre d’entreprises publiques, encore fortement imprégnées d’un fonctionnement en silo, le chemin à parcourir pour bénéficier du label « Relations Fournisseurs et Achats Responsables » est certainement plus long et moins évident.
Pour autant, de nombreux acteurs publics se sont lancés et prouvent au quotidien que la démarche leur est parfaitement accessible.
Pour action : choisir de se faire accompagner par un cabinet connaisseur de l’environnement des organisations publiques.
En conclusion, la prise en compte du temps nécessaire à la préparation et de l’énergie exigée pour la conviction est capitale pour éviter d’aboutir à une démarche d’achats responsables en trompe l’œil. Le label qui récompense les meilleurs acteurs scrute en particulier la cohérence d’ensemble et le changement réel des pratiques. C’est pourquoi un engagement massif et durable est incontournable.
Pas de démarche d’achats responsables sans fournisseurs responsables ! Pour savoir comment enrichir votre portefeuille, lisez l’article de Pierre-Olivier Brial, Directeur Général Délégué du groupe Manutan : Objectif RSE : comment créer son réseau de fournisseurs responsables ?