Lors des derniers Trophées Décision Achats/CNA, Arnaud Montebourg, ancien ministre de l'Économie, du Redressement productif et du Numérique mais aussi entrepreneur, animait la keynote d’ouverture sur le Made in France. Alors que la question de l’indépendance est devenue centrale avec la crise de la Covid-19, il explique en quoi les achats ont un rôle majeur à jouer pour booster le Made in France.
Le Made in France, une nouvelle priorité ?
Alors que nous observons depuis de nombreuses années, une désindustrialisation progressive de notre pays, la crise sanitaire a remis la question de l’indépendance au cœur des priorités. Arnaud Montebourg nous rappelle comment : « le Covid-19 a rétréci la mondialisation qui est, selon le prix Nobel américain, professeur d'économie à Princeton, Paul Krugman, un projet plus ou moins fini. »
Il est vrai qu’avec la crise sanitaire, les entreprises ont fait face aux ruptures de chaînes logistiques et aux pénuries de produits. Depuis, l’ancien ministre voit un mouvement de société s’installer en profondeur, une prise de conscience s’opérer. L’ancien ministre ajoute : « [nous avons compris que] nous sommes dans la main de ceux qui produisent, qui ont les brevets, qui ont les stocks, qui savent les distribuer, etc. »
Aujourd’hui, la priorité est à la reconstruction d’un tissu industriel compétitif. A travers son plan de relance, la gouvernement s’apprête d’ailleurs à investir 35 milliards pour décarboner, relocaliser, moderniser et innover au sein de l’industrie tricolore.
Les achats pour booster le Made in France
Face à la question du Made in France, la fonction achat semble être confrontée à une double problématique : les prix sont élevés et il existe, sur certains produits, de réelles difficultés d’approvisionnement. Rappelons que l’industrie pharmaceutique s’approvisionne à 70 voire 80 % en Inde et en Chine pour ses excipients et principes actifs[1].
Pour ce fervent défenseur du Made in France, il faudra à terme y arriver car accepter de payer un prix plus élevé est gage de responsabilité sociétale, avec en premier plan la création d’emplois sur notre territoire. Quant aux difficultés d’approvisionnement, elles sont directement liées à la demande car les quantités commandées sont encore faibles. Il ajoute : « C'est une des raisons pour lesquelles les acheteurs ont le devoir de pousser le Made in France pour faire baisser les prix et même échanger volumes contre baisse des prix, ce que les entreprises pourraient parfaitement suivre. »
Alors que 25 % des décideurs achats affirmaient envisager de relocaliser une partie de leurs achats en mai dernier[2], l’ancien ministre espère voir ces volontés se concrétiser…