Big data et écologie : en quoi le digital est-il un formidable levier pour l’économie circulaire ?

Big data économie circulaire
Mis à jour le 7 juin 2023
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Le big data et la mobilisation en faveur de l’écologie sont deux notions intimement liées. Les entreprises doivent répondre aux défis environnementaux (réchauffement climatique, effet de serre, raréfaction des ressources…), que ce soit pour plus de transparence, moins de gaspillage, une meilleure adéquation aux besoins et une vision plus éclairée des impacts sur l’environnement dans leurs choix économiques. Elles peuvent pour cela s’appuyer sur les données qui existent, mais qu’il faut correctement rechercher, collecter et adresser à grande échelle.

Les données, précieuses sources d’information

Bien sûr, le digital a un impact écologique du fait de ses émissions carbone et de sa consommation énergétique (la totalité des activités Internet équivaut à 3 % des émissions de dioxyde de carbone). Pour autant, cela représente aussi une formidable opportunité de développement pour l’économie circulaire.

En effet, d’après l’étude « Achieving Growth Within » de la Fondation Ellen MacArthur, l’économie circulaire, associée à la révolution technologique, pourrait conduire à une augmentation annuelle de 3 % de la productivité sur les ressources en Europe, ainsi qu’à une économie annuelle de 600 milliards d’euros sur les ressources primaires. Cela pourrait entraîner une augmentation de 7 points du PIB et la création de plusieurs centaines de milliers d’emplois.

En outre, c’est tout particulièrement l’ouverture, l’accessibilité et la lisibilité des données qui élargit le champ des possibles. Dès lors, la data représente une source précieuse d’information pour trouver des solutions et faire face aux nombreux défis liés au changement climatique (mobilité verte, efficacité énergétique, transition agricole, etc.).

Comme le souligne Eddie Bonnal, Positive Impacts Digital-Data Director au sein du Groupe ADEO, plateforme d’entreprises au service de l’amélioration de l’habitat : « l’exploitation des données permet de prendre des décisions et d’agir concrètement. Cela implique une gouvernance rigoureuse pour mobiliser toutes les équipes opérationnelles et définir ensemble un référentiel de processus à impacts au service de nos clients ».

L’importance de partager les données

Pour mettre le big data au service de l’écologie, le partage et l’utilisation des données à grande échelle sont un point essentiel. En revanche, un cadre de confiance doit être mis en place pour organiser ce partage au vu du nombre d’interlocuteurs.

Le digital doit être considéré comme un outil stratégique pour bien maîtriser sa data, la mettre en perspective et la sécuriser. Il existe des plateformes de données dans lesquelles chaque acteur contribue à rendre la data accessible aux autres, d’autres data centers (centres de données) permettent directement d’incorporer les données externes, quand certaines solutions fonctionnent sur un modèle hybride.

Un pays fait d’ailleurs référence en la matière : l’Estonie. C’est devenu techniquement l’un des pays les plus avancés au monde. Grâce à un réseau d’échange de données, une plateforme connecte les systèmes informatiques des agences gouvernementales aux bases de données sécurisées d’autres organismes permettant aux utilisateurs d’accéder instantanément aux informations détenues par d’autres agences.

En plaçant la gouvernance des données comme pilier du modèle de développement pour le numérique, l’Estonie réalise des progrès extraordinaires. Une démarche à fort potentiel qui pourrait être appliquée à la transition environnementale.

Les données, comme point de départ pour agir

En matière de politique RSE, il faut pouvoir le quantifier son impact environnemental pour le réduire : quel est le gaspillage visible ou invisible qui existe dans mon entreprise ? Comment le réduire dans mon processus de production ? Qu’en est-il chez mes fournisseurs ? Que faire des invendus, des retours produits des clients ?

Puis, la priorité est de structurer la data afin de la rendre compréhensible par tous les acteurs métiers entre eux, mais aussi de manière transversale. Pour illustrer ce point, il est possible de prendre l’exemple du bilan carbone, l’un des premiers pas en faveur de la transition écologique dans l’entreprise, il est indispensable de quantifier ses émissions de CO2, point de départ de la mise en œuvre d’actions impliquant les collaborateurs.

C’est également le cas pour l’économie circulaire. Parce qu’il s’agit d’un modèle assez complexe à déployer dans l’entreprise, la démarche doit s’appuyer sur des données tangibles et être totalement transversale. Comme tout nouveau sujet, elle se conjugue avec des expertises variées. Il faut alors dépasser le stade de la sensibilisation et de la formation pour entrer véritablement dans un mode projet, se comprendre et définir un objectif commun sur une période donnée.

Des données au service de tous

Une juste exploitation et un partage encadré des données viennent répondre aux besoins des différentes parties prenantes pour se mobiliser en faveur de l’économie circulaire.

La data pour répondre aux attentes clients

Les consommateurs peuvent influencer les marchés lorsqu’ils demandent des solutions durables et fiables. Une marque se doit désormais de porter une mission et ne peut plus ignorer l’empreinte sur l’environnement et la société laissée par son activité. 

En ce sens, il convient d’apprécier l’élévation des standards d’information sur l’impact des déchets produits ainsi que l’indice de réparabilité permettant d’évaluer la durée d’utilisation d’un produit, à l’étude à l’échelle européenne. De manière générale, les réglementations jouent un rôle clé pour définir un cadre propice au développement d’initiatives circulaires.

Dans ce domaine, Schneider Electric entend tirer le meilleur parti de ses ressources avec l’économie circulaire. L’entreprise a entièrement revisité la gestion du cycle de vie de ses produits pour réduire un maximum son empreinte carbone. Elle propose notamment des services de collecte de produits usagés ou encore d’échanges et de réparations de produits défectueux. Elle a même créé son propre label « Circular Certified » pour mettre en lumière ses produits issus de l’économie circulaire (invendus, retours commerciaux, reconditionnés…).

La data pour créer des opportunités

Il est également possible qu’à terme, une marque qui crée son système de référence avec l’adhésion des consommateurs entraîne son marché à adopter la même démarche vertueuse.

C’est ce que démontre l’entreprise néerlandaise SuperUse qui crée des bâtiments durables à partir de matériaux récupérés dans des décharges. Elle a construit son propre système pour savoir dans quelle décharge se trouvait tel ou tel autre matériau qui l’intéressait en développant un outil informatique à partir de Google Earth. C’est tellement efficace que même leurs concurrents ont demandé une licence payante pour y avoir accès sur le web.

La transformation digitale peut ainsi stimuler la transition vers l’écologie et l’économie circulaire, notamment par le recours aux données et aux solutions numériques, telles que l’intelligence artificielle. Elle permet d’inscrire l’économie circulaire au cœur des modèles commerciaux durant la conception, la production, la consommation et la réutilisation des produits et des processus. Pour engager un maximum de citoyens dans l’économie circulaire et la défense de l’environnement, il est donc primordial de tirer pleinement parti de l’or noir de ce siècle : la data.