Aujourd’hui, les organisations n’ont d’autres choix que d’intégrer les enjeux environnementaux et sociaux dans leur stratégie globale. Dans cette dynamique, les directions des achats ont une place de premier choix pour apporter leur pierre à l’édifice. Cela passe par la construction d’une politique d’achats responsables, mais aussi le déploiement d’une charte d’achats responsables. C’est ce qui permet de formaliser leur vision, impliquer les parties prenantes et structurer cette démarche sur le long terme. Dès lors, il revient à chaque organisation de rédiger une charte qui soit à la fois exhaustive, concrète et réaliste.
À quoi sert une charte d’achats responsables ?
Une charte d’achats responsables vise à partager les engagements, les exigences et les attentes d’une entreprise vis-à-vis de ses fournisseurs et sous-traitants, s’assurant ainsi de leur implication en matière de développement durable. L’idée est bien d’associer les fournisseurs à une démarche de progrès continu.
Ce document pose un cadre de référence commun pour les équipes achats et les fournisseurs de l’entreprise, en formalisant les lignes directrices de la démarche d’achats responsables. Parce que cela fournit de la clarté à tous ces acteurs, cela favorise l’alignement des décisions d’achats et des opérations de la chaîne de valeur avec ses propres considérations en matière de durabilité.
Cette charte doit ainsi être signée par les fournisseurs, et notamment par tous les nouveaux fournisseurs référencés. À travers un tel document, l’entreprise réaffirme sa volonté de passer d’une simple relation de clients/fournisseurs à un véritable partenariat.
Marine Varret, Responsable Développement Durable Offre et Supply Chain du groupe Manutan, ajoute : « Pour qu’une charte d’achats responsables soit réellement efficace, elle ne doit pas se limiter à des principes génériques. Elle doit surtout être adaptée aux enjeux environnementaux, sociaux et éthiques propres à l’entreprise. Il est également important d’encourager ses fournisseurs à adopter cette même approche auprès de leurs propres partenaires, pour démultiplier l’impact de la démarche. Enfin, formaliser ses engagements est une première étape : il faut ensuite mettre en place des évaluations régulières pour en mesurer le respect et accompagner les fournisseurs dans une logique d’amélioration continue. »
Comment rédiger sa charte d’achats responsables ?
Une charte d’achats responsables est généralement composée de trois grandes parties : l’introduction, le contexte et les engagements attendus de la part de ses fournisseurs.
L’introduction
Le charte d’achats responsables s’ouvre sur un préambule, qui établit les fondations du document. Il s’agit d’expliquer que la charte s’inscrit dans le cadre de la stratégie de Responsabilité Sociétale d’Entreprise (RSE) et de préciser les destinataires, ainsi que les objectifs. Cette partie peut être signée par le directeur des achats de l’entreprise pour incarner le message.
Le contexte
Ensuite, il est important de replacer la charte d’achats responsables dans le contexte de l’entreprise. Il convient d’expliquer comment cette charte contribue aux engagements et aux objectifs de développement durable de l’entreprise, mais aussi quel est son lien avec les autres outils et politiques de l’entreprise (charte éthique et/ou diversité, politique environnementale…).
Cela implique de préciser les principaux enjeux de sa stratégie RSE : réduire l’empreinte carbone, intégrer l’économie circulaire, respecter les droits humains sur toute sa chaîne d’approvisionnement, garantir de bonnes conditions de travail…
Les engagements attendus des fournisseurs
Enfin, on arrive à la partie centrale du document : les engagements que l’entreprise attend de la part de ses fournisseurs en matière de développement durable.
Elle aborde des thématiques clés :
- L’environnement : la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la gestion des déchets, l’utilisation efficiente des ressources, l’éco-conception…
- Le social et les droits humains : le respect des droits humains, la non-discrimination, la santé et la sécurité des personnes, la rémunération, les heures travaillées…
- L’éthique des affaires et la conformité : la lutte contre la corruption, la transparence, la protection des données personnelles…
Charte d’achats responsables : 3 bonnes pratiques
Pour garantir le succès de sa charte d’achats responsables, il existe plusieurs bonnes pratiques à retenir lors de la rédaction du document, et même de son déploiement.
Impliquer les parties prenantes
Dès l’étape de la rédaction, il est important de mobiliser les parties prenantes nécessaires : la direction des achats bien sûr, mais aussi les donneurs d’ordre, la direction RSE et même les principaux fournisseurs. Une fois la charte mise en place, des sessions de formation peuvent aussi être organisées pour s’assurer que chacun comprenne les exigences et leurs responsabilités. Une approche collaborative et pédagogique favorise, à coup sûr, l’adhésion à cette charte.
Ouvrir la voie aux recommandations
Il est également intéressant de dissocier ce qui est impératif, de ce qui est apprécié. Pour chaque thématique, on peut lister les éléments qui sont impérativement exigés des fournisseurs, mais on peut également évoquer les actions qui sont encouragées, au-delà des exigences de base. Par exemple, on peut imposer à ses fournisseurs d’interdire toute forme de discrimination, mais on peut également leur suggérer d’être proactif pour promouvoir l’égalité des chances. Cela incite tout un chacun à aller encore plus loin dans sa démarche de développement durable.
S’appuyer sur des principes fondamentaux
Dans sa charte d’achats responsables, il est important de préciser les référentiels et les standards externes sur lesquels s’appuie l’entreprise. On peut même aller jusqu’à expliciter les principes pour plus de clarté.
Les textes internationaux de référence
- Les dix principes du Pacte Mondial de l’Organisation des Nations Unies (ONU)
- La Charte internationale des droits de l’homme
- La Global Reporting Initiative (GRI)
- Les conventions de l’Organisation Internationale du Travail (OIT)
- Les principes directeurs de l’Organisation de Coopération et de Développement économique (OCDE)
- Les principes de Coalition for Environmentally Responsible Economies (CERES)
- Les Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme
- La norme ISO 26000 liée à la Responsabilité Sociétale des Entreprises
- La norme ISO 14001 concernant le management environnemental
- La norme ISO 20400 relative aux achats responsables
À l’issue, cette charte d’achats responsables doit s’inscrire dans une logique d’amélioration continue. En ce sens, elle sera régulièrement mise à jour pour intégrer les retours du terrain et évoluer au fil des dernières réglementations et innovations.
En conclusion, la charte d’achats responsables constitue un levier stratégique de transformation pour toute organisation. Ce document de référence favorise le développement d’une relation équilibrée et durable ainsi que la maîtrise des risques, au service d’une croissance pérenne.

