Comment sécuriser votre supply chain face à la hausse des défaillances d’entreprise ?

La récente hausse des défaillances d’entreprises en Europe met sous tension les chaînes d’approvisionnement. Entre liquidations judiciaires, procédures collectives et entreprises en difficulté, l’effet domino est bien réel : rupture de stock, retards, pertes financières… Dans ce contexte, les directions achats doivent repenser leur stratégie pour garantir la continuité des activités et sécuriser leurs partenariats. Quels leviers activer pour limiter l’impact des défaillances sur sa supply chain ? Analyse des risques, diversification, anticipation financière : tour d’horizon des bonnes pratiques pour préserver la résilience de son réseau de fournisseurs.

Comprendre l’impact de la hausse des défaillances d’entreprises sur la supply chain

Les chaînes d’approvisionnement subissent aujourd’hui des perturbations majeures. Chaque faillite engendre un effet domino qui impacte le commerce, la production et la logistique. Il devient essentiel pour les entreprises de comprendre ces dynamiques afin d’anticiper les risques et de sécuriser leurs activités.

Une montée en flèche des défaillances d’entreprises

Le nombre de défaillances d’entreprises connaît une hausse préoccupante en Europe. Selon des études récentes, les procédures collectives se multiplient, notamment dans les secteurs de l’industrie, du BTP et du commerce de gros. Ce phénomène s’explique par un contexte économique incertain, marqué par l’augmentation des coûts des matières premières, les tensions géopolitiques et l’inflation.

Comme l’explique Jean-François Cledel, le vice-président RH du Club des ETI de Nouvelle-Aquitaine[1] : « Les modèles manquent de résilience, parce que depuis des décennies, nous les avons poussés à l’extrême, au point de les rendre cassants. Nous avons fait la chasse à toutes les réserves dans l’entreprise, afin d’optimiser chaque ressource pour améliorer la performance. En conséquence, nos entreprises et nos organisations sont devenues cassantes : elles n’ont plus de réserve. »

L’effet domino des défaillances sur le commerce et l’industrie

Toute défaillance d’entreprise entraîne des perturbations en cascade. Lorsqu’un fournisseur majeur entre en liquidation judiciaire, ses clients se retrouvent confrontés à des retards de livraison, voire à une rupture totale d’approvisionnement. Dans l’industrie automobile, par exemple, la faillite d’un sous-traitant peut bloquer toute une chaîne de production, impactant des milliers d’emplois.

Les défaillances financières fragilisent aussi les entreprises clientes. Un retard de paiement ou une créance irrécouvrable peut, à son tour, mettre en péril la santé financière d’une autre société, entraînant une spirale de difficultés.

Des procédures collectives aux conséquences directes sur la supply chain

Les procédures collectives (sauvegarde, redressement judiciaire, liquidation judiciaire) entraînent souvent des incertitudes sur la fiabilité des fournisseurs. Pour éviter de subir ces effets néfastes, les entreprises doivent surveiller de près la situation financière de leurs partenaires et mettre en place des stratégies d’anticipation.

Certaines grandes entreprises intègrent des clauses spécifiques dans leurs contrats pour se protéger contre les risques de défaillance. D’autres diversifient leurs sources d’approvisionnement afin de limiter leur dépendance à un seul fournisseur. Ces approches permettent d’atténuer l’impact des entreprises en difficulté sur la chaîne logistique et de sécuriser leurs activités face à une conjoncture économique incertaine.

Stratégies pour sécuriser sa supply chain face aux risques fournisseurs

Dans un contexte de hausse des défaillances d’entreprises, il devient impératif d’adopter des stratégies de sécurisation efficaces pour protéger la continuité des activités.

Identifier et évaluer les risques fournisseurs

L’anticipation est la clé pour éviter qu’une défaillance d’entreprise ne vienne perturber l’ensemble de la supply chain. Il est essentiel de surveiller en permanence la situation financière des fournisseurs stratégiques afin d’anticiper les difficultés avant qu’elles ne deviennent critiques.

Parmi les indicateurs clés à suivre :

• Trésorerie et rentabilité : un fournisseur avec une trésorerie tendue est plus exposé aux risques de liquidation judiciaire.
• Dépendance commerciale : un partenaire dont l’activité repose sur un client unique ou un marché en difficulté est plus vulnérable.
• Gouvernance et gestion interne : une entreprise avec un endettement excessif ou des litiges en cours peut représenter un risque majeur.

Les outils digitaux jouent un rôle crucial dans cette veille. Grâce à des solutions de surveillance financière en temps réel, il est possible d’obtenir des alertes précoces en cas de détérioration des comptes d’un fournisseur. Certaines plateformes utilisent même l’intelligence artificielle pour croiser différentes données et anticiper les défaillances potentielles.

Diversifier et sécuriser ses sources d’approvisionnement

Face à une défaillance d’entreprise, avoir un réseau de fournisseurs diversifié permet de limiter les perturbations. Le sourcing multi-fournisseurs garantit une meilleure résilience, en réduisant la dépendance à un seul acteur.

Cependant, il ne suffit pas d’opter pour des fournisseurs de proximité. Comme le souligne Natacha Tréhan, maître de conférences à Grenoble IAE[2] : « Ce n’est pas parce qu’il y a une proximité qu’il y a une traçabilité. Les deux ne sont pas reliés. On peut tout à fait avoir une traçabilité avec une supply chain sur l’ensemble de la planète. Et là-dessus, il y a la blockchain, qui est en plein développement, avec des résultats très intéressants. »

L’intégration de nouvelles technologies permet de renforcer la transparence et d’assurer un meilleur suivi des échanges, quelle que soit la localisation des fournisseurs.

Négocier des garanties et des contrats résilients

Les contrats fournisseurs doivent intégrer des clauses spécifiques pour se prémunir contre une éventuelle défaillance. Il est possible d’inclure :

• Des pénalités en cas de retard ou rupture d’approvisionnement ;
• Des clauses de substitution permettant de mobiliser rapidement un autre fournisseur ;
• Des assurances-crédits pour limiter l’impact financier en cas de procédures collectives.

Un cas concret illustre l’efficacité de ces mesures : une entreprise du secteur industriel, confrontée à la liquidation judiciaire de son principal sous-traitant, a pu maintenir sa production grâce à un contrat flexible lui permettant d’activer un fournisseur de secours immédiatement.

Anticiper les évolutions pour une supply chain plus résiliente

Face à une situation économique instable, il est essentiel de renforcer la résilience de sa supply chain afin de limiter l’impact des entreprises en difficulté sur les flux d’approvisionnement.

Intégrer une approche proactive dans la gestion des risques

Plutôt que de subir les effets d’une défaillance d’entreprise, les directions achats doivent adopter une stratégie préventive. Une gestion réactive des crises expose les entreprises à des ruptures d’approvisionnement et à des pertes financières importantes. L’objectif est donc d’identifier en amont les vulnérabilités et d’agir avant qu’un fournisseur ne se retrouve en procédures collectives.

Pour cela, la mise en place d’un comité de gestion des risques fournisseurs est une approche efficace. Ce comité surveille :

• Les indicateurs financiers des partenaires stratégiques (endettement, rentabilité, solvabilité) ;
• Les dépendances critiques au sein de la supply chain (fournisseur unique, secteur fragile) ;
• Les signaux faibles indiquant une potentielle liquidation judiciaire (retards de paiement, restructurations, pertes de clients).

Un exemple illustrant l’efficacité d’une telle anticipation est celui d’un groupe industriel ayant détecté des difficultés financières chez l’un de ses fournisseurs critiques. Grâce à une analyse proactive, il a pu réajuster ses commandes et sécuriser un fournisseur alternatif, évitant ainsi un arrêt de production.

Investir dans des technologies de monitoring et d’analyse prédictive

L’intelligence artificielle et la data analytics permettent aujourd’hui de repérer en temps réel les signes avant-coureurs d’une défaillance d’entreprise. Ces solutions analysent des milliers de données (bilans financiers, actualités économiques, transactions fournisseurs) pour anticiper d’éventuelles défaillances.

La blockchain joue également un rôle clé en garantissant une meilleure traçabilité et en assurant la transparence des échanges, même avec des fournisseurs à l’international. Grâce à ces outils, les entreprises peuvent mieux évaluer les risques liés à leurs partenaires et réagir rapidement en cas de signaux d’alerte.

S’appuyer sur des partenaires de confiance pour stabiliser sa supply chain

La solidité des partenaires commerciaux est un facteur déterminant pour limiter l’impact des défaillances d’entreprises. Travailler avec des fournisseurs éthiques et financièrement stables permet de sécuriser les activités et d’éviter les mauvaises surprises.

Manutan, par exemple, accompagne les entreprises en proposant des solutions adaptées aux risques d’approvisionnement. En s’appuyant sur des prestataires spécialisés dans la sécurisation des flux, il est possible de renforcer la résilience de sa supply chain et de garantir la continuité des opérations face aux incertitudes du marché.

En combinant anticipation, diversification et technologies avancées, les entreprises peuvent renforcer la résilience de leur supply chain face aux risques de défaillance d’entreprise. Adopter une approche proactive et s’entourer de partenaires fiables sont des leviers essentiels pour assurer la continuité des activités et maintenir un avantage compétitif dans un contexte économique incertain.